Officiellement, rien n’a encore filtré à ce sujet depuis la Cité de l’UA. Cependant, des affirmations de plus en plus persistantes laissent entrevoir la démarche de Kinshasa à tenter de s’appuyer sur les troupes tchadiennes pour sécuriser l’est du pays.
En effet, Félix Tshisekedi a récemment séjourné à Ndjamena où il a même été élevé à la dignité de Grand Croix dans l’ordre national. Une rue lui a même été dédiée. A la base, une médiation qu’il y a menée sur place en vue d’une transition en douceur après l’assassinat d’Idriss Déby Itno. Aussi, peu avant, le président congolais s’était déjà rendu sur place et n’avait pas tari d’éloges à l’armée tchadienne, allant jusqu’à affirmer que celle-ci était très organisée et qu’il allait dupliquer le modèle dans son pays, le Congo.
Des indiscrétions rapportent que Félix Tshisekedi envisage de faire appel aux soldats tchadiens pour stopper l’avancée du M23 si celui-ci franchissait la ligne Butembo-Beni, déjà qu’à Lubero, il a réussi à conquérir des entités.
Kinshasa ne souhaite pas voir la rébellion aller plus loin, surtout pas jusque dans l’ex-Province Orientale, où, d’une part, les Tshisekedis auraient des intérêts miniers expropriés à Corneille Nangaa, ce qui aurait d’ailleurs encouragé l’ancien président de la CENI à rejoindre le maquis. Il est ainsi évident que si la bande à Nanga atteignait l’Ituri et la Tshopo, des avantages miniers de certains décideurs de Kinshasa couleraient à l’eau.
Aussi, Félix Tshisekedi tient à arrêter le M23 au plus vite au niveau du Nord-Kivu. La conquête de l’ancienne Province Orientale par le groupe armé pro-rwandais risque d’être fatale pour le régime, car il s’agit directement là de la porte de Kinshasa.
« Les 2000 militaires tchadiens qu’il vient de payer à Ndjamena seront urgemment déployés dans la région de Beni pour stopper la progression de l’AFC dans la Grande Orientale. Félix Tshisekedi a horreur de perdre le contrôle des gisements miniers de l’Ituri après la débâcle burundaise à Rubaya dans le Nord-Kivu », commente même Simaro Ngongo de la Case.
Mais, à la présidence de la République, rien de tel n’est encore relayé. Peut-être attend-elle le bon moment, car, à ce stade, les troupes gouvernementales appuyées par les résistants Wazalendo tentent une riposte contre l’ennemi à Lubero.
Il faut tout de même mentionner que si les troupes tchadiennes se déploient au Congo, il s’agira d’une énième force étrangère à laquelle le régime Tshisekedi aura fait recours pour endiguer l’insécurité dans le pays.
D’une part, il y avait des casques bleus aujourd’hui sur le chemin du départ. Puis, les contingents de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) ont débarqué et ont passé un an sans résultats sur le sol congolais.
Face à l’avancée du M23, Kinshasa a mis en contribution des groupes armés locaux dits Wazalendo. Ensuite, il a fait appel à la SADC et aux instructeurs roumains. À leur tour, les Burundais combattaient et combattent encore dans le Masisi (Nord-Kivu) grâce à un accord bilatéral Kinshasa-Bujumbura/Gitega. Dans le nord, les Ougandais sont sur le sol congolais pour combattre les terroristes ADF depuis 2 ans et demi.
Nombre d’observateurs soutiennent que jamais dans l’histoire du Congo, la sécurité n’a autant été sous-traitée. Ils dénoncent ainsi la politique sécuritaire de tâtonnement du régime de Kinshasa et insistent sur la valorisation de l’armée congolaise, la seule qui ait le devoir de restaurer l’autorité de l’Etat dans le pays.
Charles Mapinduzi