Manger avec le diable exige qu’on ait de très longues fourchettes, dit-on souvent. Ceux qui ont été au côté de Félix Tshisekedi depuis qu’il a pris les rênes du pays ont déjà retenu la leçon.
Et, point n’est besoin de revenir aux exemples illustratifs pour le démonter. Car, Joseph Kabila qui a donné le pouvoir à l’UDPS sur un plateau avant d’être poignardé dans le dos, Vital Kamerhe qui s’est désisté en décembre 2018 en faveur de Félix et qui l’a accompagné jusqu’à la présidence mais condamné et cloué à Makala à une certaine période; Jean-Marc Kabund, artisan du régime en place mais jeté en prison et condamné à 7 ans sans raison, François Beya, ex-monsieur sécurité de Tshisekedi, accusé à tord d’être de connivence avec les ennemis de la République, mis en tôle puis poussé à l’exil sans motif valable; ou encore Fortunat Biselele, ancien conseiller privé du président mais coffré à Makala, ridiculisé puis payé en monnaie de singe, sont autant d’exemples qui ne trompent pas.
Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe, Bahati Lukwebo ainsi que d’autres caciques de l’Union sacrée n’ont soit pas été avertis; soit qu’ils ont feint de ne pas le savoir. Avant et pendant la campagne électorale, ils se sont montrés intraitables et n’ont raté aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur l’opposition qui dénonçait un processus électoral opaque qui présageait une tricherie grandeur nature en faveur de Félix Tshisekedi. A qui voulait les écouter, ils tranchaient que les opposants étaient impraparés et que leurs dénonciations étaient une peur d’aller aux élections qu’ils allaient perdre. Mais, tout ceci était soutenu avant que Tshisekedi ne sorte son poignard de son fourreau et exhibe son vrai visage.
Les résultats des législatives sont maintenant. Et, c’est la désillusion, la déception, l’inquiétude. Le MLC, l’UNC, l’AFDC, pour ne citer que ces grandes formations politiques de l’Union sacrée n’ont leurs yeux que pour pleurer. Eux qui espéraient obtenir suffisamment des sièges pour peser dans la future Assemblée nationale ne savent plus à quel saint se vouer.
C’est trop tard qu’ils réalisent que, rusées et égoïstes, l’UDPS et mosaïque se sont tout accordés à l’issue de cette fraude savamment organisée sous la houlette de Denis Kadima de la CENI. Par exemple, le MLC qui manifeste depuis quelques jours dit ne pas comprendre comment il n’a eu que 3 élus dans la capitale où il a assez d’encrage. Bien que n’étant pas physiquement dans la rue, l’UNC de Kamerhe est en justice pour dénoncer la tricherie. L’AFDC également grogne. Tous pointent principalement d’un doigt-accusateur l’UDPS au pouvoir d’être à la manœuvre.
Si l’opposition congolaise n’a arraché que 27 sièges seulement sur les 500 attendus à la Chambre basse du Parlement, le MLC, l’UNC et l’UNC réunis n’ont même pas pu réaliser 100 sièges au regard des résultats consultés. Pourtant, eux les principaux partis de l’Union sacrée au côté de l’UDPS. Et si on peut imposer cela à un arbre frais, qu’en est-il des arbres sec, peut-on s’interroger.
Cependant, le parti au pouvoir s’est tout offert grâce à sa mosaïque des partis et regroupements qui lui permettent de s’imposer au Parlement et d’écraser ses autres partenaires de l’Union sacrée. Ce qui passe bien pour une trahison à ciel ouvert. Après s’être servie d’autres formations politiques, l’UDPS est maintenant en mesure de marcher seule, de proposer le Premier ministre et de décider sur l’exécutif sans conditionnellement dépendre d’autres. Elle a tout fait pour avoir la majorité parlementaire toute seule. Ce, au détriment d’autres forces de l’Union sacrée.
Mais, comme le soutiennent les internautes sur les réseaux sociaux, les partis politiques de l’Union sacrée doivent apprendre à vivre avec, sans se morfondre, eux qui ont défendu bec et ongle la fraude électorale orchestrée en faveur de Félix Tshisekedi à la présidentielle. Contrairement, ils doivent appeler à l’annulation des scrutins et à leur organisation par une Commission électorale consensuelle, impartiale et crédible.
Charles Mapinduzi