Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le fait est. Il y aura bel et bien une seconde session pour la sortie du gouvernement Judith Suminwa Tuluka. Quels faits surprenants! Jamais dans l’histoire récente du Congo, on a vécu autant de revirements qui traduisent le degré de tâtonnement et le manque de leadership éclairé à la tête du pays.
En effet, cela transparaissait déjà. Depuis la présidence, de nombreuses indiscrétions attestaient que le chef de l’Etat était bloqué par les caciques de la coalition au pouvoir, raison d’ailleurs du grand retard observé dans la sortie de l’équipe gouvernementale. Tout porte à croire que le dirigeant congolais a perdu le contrôle sur sa propre créature, l’Union sacrée.
Après une persistante grogne au sein de la coalition, le président de la République a finalement promis de revoir la composition du gouvernement, en intégrant un omis ou des omis. Mieux, l’équipe Judith pourrait bien passer de 54 membres à un peu plus.
A en croire une confidence à la présidence, Jean-Pierre Bemba, Bahati Lukwebo, Vital Kamerhe ainsi que les alliés de l’UDPS sont rouges de colère et estiment qu’ils ont été doublés, roulés par Félix Tshisekedi.
Pour ces 3 membres du présidium, il y a des noms qui n’auraient pas dû apparaître au sein du gouvernement mais que le chef de l’Etat a imposés. Il s’agit notamment des cadres du MLC, AFDC et UNC qui n’ont pas obtenu le quitus du parti et qui, par ricochet, ne pouvaient guère être nommés mais qu’on n’a vu apparaître à des postes ministériels au compte de ces partis là.
Pour les alliés de l’UDPS, par ailleurs, ils dénoncent la gourmandise du parti au pouvoir qui s’est tout accordé au détriment d’autres formations de la mosaïque UDPS et alliés. Déjà, ils s’en prenaient implicitement à Augustin Kabuya, exigeant par le fait même que l’erreur soit réparée.
Une autre déception provenait du Maniema. Une province entièrement acquise à Félix Tshisekedi si l’on s’en tient au nombre d’élus nationaux, provinciaux et sénatoriaux mais qui a été totalement oubliée dans le nouveau gouvernement. A ce stade, les ressortissants de la contrée ont réclamé leur droit.
Déjà, pour le repêchage annoncé, le Maniema a déjà une garantie. Il y aura bel et bien un ministère qui lui sera accordé, à en croire Vital Kamerhe qui a échangé avec le président le lundi dernier.
« Je viens de parler avec le président de la République, il m’a en tout cas rassuré que la province du Maniema qui était oublié pourra être finalement reprise dans le gouvernement », a-t-il dit à la presse.
Tout reste à savoir si les frustrations clairement exprimées par les leaders de la coalition [Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Bahati Lukwebo, notamment] seront également apaisées par l’intégration future, de nouveaux cadres au sein de l’équipe Suminwa.
Mais, que cela ait lieu ou non, l’évolution des faits a clairement démontré le tâtonnement qui caractérise le régime Tshisekedi. Pour ce qui est de la publication du gouvernement, il a fallu 5 mois. Cependant, en dépit de tout ce temps pros, le ministère de la justice a été oublié avant d’être repêché. Le ministère des relations avec le Parlement également oublié devrait refaire surface, plus d’une semaine après.
Nombreux autres portefeuilles ont aussi été omis, difficile de dire si c’est de gré ou plutôt inconsciemment. D’autres ont été éclatés sans raison alors qu’ils devraient plutôt être fusionnés.
Charles Mapinduzi