Chérubin Okende n’est plus depuis juillet 2023. L’ancien ministre de Félix Tshisekedi qui venait à peine de rejoindre l’opposition avec son mentor Moïse Katumbi aura connu une fin tragique comme l’ont été le juge Raphaël Yanyi ou encore le général Delphin Kahimbi, tous les 3, disparus miraculeusement sans laisser des traces. Trois scénarios qui rappellent le triste assassinat de Floribert Chebeya sous Joseph Kabila.
Chaque régime a ses morts, dit-on. Dans l’opinion, la disparition de 3 grandes figures de la scène congolaise n’est pas à écarter de la volonté manifeste du régime Tshisekedi à accaparer le pouvoir et à taire toute voix discordante. Les circonstances qui ont connu la disparition de ces 3 personnalités le témoignent alors que jusqu’ici, aucune lumière n’a jamais été faite.
Le général Delphin Kahimbi, ex-chef des renseignements militaires est brutalement décédé en 2020. Mais, jusqu’à ces jours, le contexte de sa mort et les zones d’ombre qui ont entouré l’enquête n’ont jamais été élucidées. Officiellement, les autorités congolaises ont parlé d’un suicide. Pourtant, l’ex-sécurocrate est mort dans un contexte d’extrêmes tensions entre le pouvoir en place et le très puissant chef des renseignements militaires. Quelques heures avant la découverte de son corps, le général Kahimbi avait été relevé de ses fonctions et placé en résidence surveillée. Le régime l’accusait d’avoir mis sur écoute Félix Tshisekedi et certains de ses collaborateurs.
Toujours en 2020, c’est le juge qui présidait les audiences du procès Kamerhe dit 100 jours qui est brutalement décédé après avoir reçu un ou plusieurs coups à la tête. Mais, l’affaire comportait des incohérences et la famille de Raphaël Yanyi n’a jamais cru en la version officielle. En effet, le juge présidait avec opiniâtreté les audiences du procès le plus politique et le plus retentissant de ces dernières années. Mais, à en croire les autorités congolaises, le juge était mort dans la nuit du 26 au 27 mai des suites d’une hémorragie intracrânienne résultant d’un traumatisme cranio-encéphalique. Pour l’opinion, ce fut un assassinat orchestré par ceux qui voulaient voir Kamerhe descendre aux enfers.
Trois ans après, l’opposant Chérubin Okende s’en est allé dans des circonstances aussi tragiques. Passé à l’opposition, le porte-parole du parti de Moïse Katumbi est resté à la première ligne pour dénoncer la mauvaise gouvernance et la « dictature » instaurée au pays par le régime en place. Enlevé dans les enceintes de la Cour constitutionnelle, l’ex-ministre des Transports avait été retrouvé mort dans sa voiture avec des traces des balles et des tortures. Un tableau qui n’est différent de celui de l’assassinat de Floribert Chebeya, il y a 13 ans.
« Hier, à 6h, j’ai parlé avec Okende. Il m’a dit : Victor, j’ai de la pression sur moi venant de la maison civile du chef de l’Etat. Prie pour moi », indiquait un proche du défunt.
Curieusement, après plus de 6 mois passés à la morgue, Chérubin Okende ne sera pas vengé. Au moment même où tout le monde s’est accordé que le Katumbiste a été assassiné, le Procureur général près la Cour de cassation a scandalisé l’opinion nationale.
Dans sa communication du jeudi 29 février dernier, Firmin Mvonde a tranché que l’ex-ministre des Transports s’est suicidé par une balle. Une belle façon de couvrir ce que nombreux considèrent comme un crime de sang, un crime d’Etat à mettre sur le dos du pouvoir de Tshisekedi.
Si Kabila a tué Chebeya, Rossy Mukendi, Kapangala, etc, Tshisekedi aura tué Delphin Kahimbi, Raphaël Yanyi et Chérubin Okende, chaque régime ayant ses morts et ses prisonniers.
Charles Mapinduzi
