Corneille Nanga a encore frappé. Et, comme dans ses habitudes ces dernières semaines, l’ex-président de la CENI a de nouveau appuyé là où ça fait le plus mal. Lui qui a pourtant été témoin de la toute première alternance pacifique au sommet de l’Etat en République démocratique du Congo est devenu un vrai cauchemar pour Félix Tshisekedi.
En effet, Corneille Nanga a saisi le Conseil de sécurité des Nations-Unies à travers une lettre ouverte dans laquelle il peint un tableau sombre de la situation que traverse la RDC sous le régime actuel.
Par des mots précisément choisis, l’opposant détaille le contexte difficile que vit le Congo, partant de la liberté d’expression et d’opinions, de la sécurité, de la politique, des élections, des problèmes de gouvernance, etc. Il attend voir l’ONU sévir contre les autorités de Kinshasa.
Au sujet des élections par exemple, il prédit une fraude électorale massive dont les indices sont peu à peu en train d’être semés, d’une part par la CENI et, d’autre part, par le pouvoir politique.
« Des ingrédients de fraude électorale s’accumulent depuis la mise en place de la CENI. Les données statistiques de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs attestent que le fichier électoral est trompeur et corrompu. Toutes les demandes d’un audit indépendant dudit fichier ont été rejetées par la CENI. Le scandale est d’autant plus grave que la CENI ne peut se permettre une telle transparence », tranche-t-il.
Toujours en rapport avec le même processus électoral, Corneille Nanga note que la démocratie est malmenée et mise en mal par le pouvoir en place à l’approche des scrutins. Allusion faite notamment aux interpellations des journalistes et acteurs politiques afin d’installer la peur et la terreur.
« Les atteintes répétées aux droits humains et à la liberté de la presse par des menaces, interpellations et arrestations inquiètent et menacent la démocratie. Le cas du journaliste Stanis Tshamala et de Papy Okito à Goma, arrêtés tous pour des motifs indéfendables, place les professionnels des médias congolais et étrangers dans une autocensure préjudiciable à la déontologie du métier », écrit-il dans sa lettre à l’ONU.
Sur le plan sécuritaire, l’ancien président de la CENI rappelle le carnage qui a fait plusieurs morts à Goma le 30 août dernier. Il parle d’une stratégie du régime Tshisekedi d’exterminer la population en marge des élections de décembre prochain. Mais, en même temps, il mentionne le fait que les autorités congolaises arment des milices sous prétexte de protéger l’intégrité territoriale alors que ceci est lié aux internets personnels.
« Le carnage d’une centaine de Congolais dans une église au quartier Nyabushongo de Goma procède d’une politique d’extermination de la population de l’Est du pays en prévision des échéances électorales. Le phénomène des patriotes résistants Maï-Maï surnommés Wazalendo est un business du régime Tshisekedi. Sous le prétexte fallacieux de défense de l’intégrité du territoire, Kinshasa procède par la distribution des armes, minutions et autres matériels de guerre aux groupes armés et autres forces négatives dont les FDLR ainsi qu’à la jeunesse désœuvrée en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Utilisés en appui aux combats, ils servent également à narguer la MONUSCO », affirme-t-il.
Sur le côté gouvernance, Corneille Nanga dénonce le tribalisme et le népotisme qui se sont installés au pays sous Tshisekedi; il décrit les discours incendiaires et les agissements téméraires et deraisonnables, il se plaint de la politique démagogique avec des promesses jamais tenues. En même temps, il parle du bradage des ressources naturelles du pays ainsi que l’enrichissement illicite des dirigeants.
Charles Mapinduzi
