On s’y attendait le moins. Mais, le fait est. Après avoir dénoncé une justice malade qui lui cause souvent des soucis, Félix Tshisekedi a finalement pris l’option de placer à sa tête Constant Mutamba, ancien candidat à la présidentielle de décembre 2023.
Il ne reste pas moins vrai que le coordonnateur de la NOGEC incarnait déjà l’opposition choisie par le régime pour semer de la pagaille au sein de la vraie opposition. Déjà, il a été le trouble-fête lors de la présidentielle en se portant candidat pour déjouer les calculs de vrais adversaires de l’Union sacrée.
Puis, il a refait surface pour tenter de piquer à Moïse Katumbi le seul poste qui lui revenait de droit au sein du bureau définitif de l’Assemblée nationale, même si, au finish, Dominique Munongo d’Ensemble pour la République, est celle qui l’a emporté, battant impitoyablement ainsi ce pion du régime.
Le profil de Constant Mutamba ne convainc pas. D’ailleurs, parmi les nombreux nouveaux ministres critiqués par les Congolais, il est presqu’en tête. En cause, son passé et ses agissements le trahissent. Porté désormais comme ministre d’Etat pour réparer la justice malade, nombre d’observateurs se demandent s’il est vraiment l’homme de la situation.
Là où on s’attendait à des pointures comme Lutundula, Mbata, Esambo ou Ndjoli, c’est le jeune coq à la crête noire et ombrageuse que le chef de l’Etat a accordé sa confiance. Certains affirment que soit Félix Tshisekedi n’est pas de bonne foi comme on le dit souvent, soit il se sert du zèle du fougueux Mutamba pour museler l’opposition afin de se maintenir au pouvoir en avançant le projet de modification de la constitution.
« Que peut attendre Félix Tshisekedi d’un ministre lunaire, sans expérience et dévoué à la seule cause de son image ébouriffante », s’est même demandé un sociétaire de l’Union sacrée.
En effet, Constant est très inconstant, de sorte qu’il est très difficile de lui faire confiance. Il y a quelques années, il militait comme acteur pro-démocratie au côté d’autres militants et ne jurait que par le changement. Cependant, quand le vent FCC (Front commun pour le Congo) est arrivé, Mutamba s’est fait acheté à vil prix.
Auprès de Kabila, il s’est transformé en vrai chantre, prenant parfois des positions très osées contre des acteurs politiques qui ne partageaient pas la vision de la mouvance au pouvoir à l’époque. Ses attitudes et ses réactions étaient celles de quelq’un dont le sang de Kabila coulait dans les veines.
Mais, quand l’ex-président a perdu le pouvoir, Constant Mutamba a encore viré, se positionnant comme acteur de l’opposition républicaine. Bien que formulant quelques piques contre le régime Fatshi, dans les coulisses, il a joué le rôle du gendarme du pouvoir pour déstabiliser les vrais adversaires.
D’ailleurs, en marge des élections de décembre dernier, un audio avait fuité et avait prouvé que le nouveau ministre de la justice n’était nullement un opposant de Félix Tshisekedi mais bien son homme de l’ombre. La preuve qui a suivi, c’est qu’il est le seul opposant à avoir intégré le gouvernement Suminwa jusqu’à coiffer un ministère d’Etat là où ceux qui ont assez de députés au sein de l’Union sacrée n’en ont eu que de simples ministères. Autrement dit, aujourd’hui, Mutamba n’est plus militant pro-démocratie, ni Kabiliste du FCC, moins encore opposant républicain mais cadre du pouvoir de Tshisekedi. Constant est vraiment inconstant.
Saura-t-il donc réparer la justice malade? Les questions se multiplient. Dans sa prise de parole après sa nomination, il a promis des « réformes judiciaires courageuses et audacieuses, des actions judiciaires contre les auteurs de l’agression rwandaise, contre les détournements des deniers publics et à administrer une thérapie de choc à la justice malade ».
De belles promesses d’un acteur qu’on n’a pas encore vu à l’œuvre. La seule chose qui inquiète, c’est l’inconstance du nouveau ministre qui risque de promettre et de ne rien réaliser par la suite.
Charles Mapinduzi
