Bahati Lukwebo n’en revient pas. Lui qui est l’un des acteurs majeurs qui ont bénéficié de bouleversements de fin de 2020 qui ont vu Kabila perdre la majorité parlementaire grâce à un coup de force de Félix Tshisekedi risque d’en être victime en 2024, jurisprudence oblige.
Comme on sait, après la violation flagrante de la constitution lors de la mise en place de l’Union sacrée, Lukwebo a été porté président du Sénat et n’a osé critiquer la façon dont il l’est devenu.
À cause des évènements de ces jours là, le mandat du député ou du sénateur n’est plus impératif et n’est plus lié à son parti qui l’a fait élire, a-t-on constaté. Décidément, on peut avoir des députés d’un même parti politique mais dont les uns sont de l’opposition et les autres de la majorité au pouvoir.
D’autres députés peuvent être élus sur la liste d’un parti politique et finir leur mandat sur la liste d’une autre formation politique. C’est en fait cela le génie de Tshisekedi au cours du quinquennat qui s’est achevé. Pourtant, des incongruités qui ont été validées et applaudies par les caciques de l’Union sacrée.
De ces jours, c’est Lukwebo qui risque d’être le premier à en être victime. Avant même que la Haute Cour ne rende ses verdicts dans les contentieux qui lui ont été déposés pour les législatives, des élus AFDC veulent déjà évoluer en électrons libres. Ils ne pensent pas être liés à Bahati Lukwebo.
Une source qui reste tout de même à recouper va jusqu’à affirmer que 19 élus AFDC seraient sur la porte de départ dont 7 qui aimeraient se rapprocher de l’UDPS, 7 autres à Sama Lukonde et 5 au bloc Kamerhe.
Ces données restent à vérifier mais le communiqué signé par le président du Sénat en dit long sur sa grande crainte de perdre les députés qu’il vient de faire élire. Décidément, Lukwebo est déjà averti sur des défections dans son camp et ne sait comment les prévenir.
« Je me dois de rappeler à tous nos élus qu’ils sont invités à la discipline, à la fidélité, à la loyauté et au strict respect de leurs engagements en résistant à toute forme de sollicitation extérieure et toute alliance ou négociation », dit-il avant de renchérir :
« Je suis surpris d’apprendre que, à peine élus, certains camarades se font soudoyer tandis que d’autres acceptent des promesses fermes de corruption », écrit-il dans son communiqué du 24 janvier dernier.
Bahati Lukwebo ne peut pas sortir des larmes. Car, à ce moment où débutent les vraies manœuvres politiques post-électorales, seul le leader politique qui aura un nombre élevé de députés devrait avoir droit au chapitre. Ainsi, avec ces défections, le président du Sénat voit la manne lui échapper en faveur d’autres caciques du pouvoir.
Charles Mapinduzi