La guerre qui s’est déclenchée entre le régime Tshisekedi et le cardinal Fridolin Ambongo risque de laisser d’énormes traces. Même si après l’annonce de l’ouverture d’une information judiciaire contre l’archevêque, la CENCO a essayé de temporiser, les autorités congolaises ne sont pas disposées à pardonner au prélat catholique.
On en veut pour preuve la sortie médiatique de Félix Tshisekedi alors qu’il séjourne en dehors du pays. Dans ses réponses aux journalistes, le président congolais a précisé que personne, cardinal soit-il, n’était au dessus de la loi.
A l’en croire, des propos diffamatoires et mensongers tenus par n’importe quel acteur congolais méritent un châtiment de la justice. À l’occasion, il a rebondi sur le dossier du journaliste Stanis Bujakera. Alors qu’il y a peu, il a estimé que ce correspondant de Jeune Afrique était victime d’une justice malade, Tshisekedi l’a de nouveau présenté comme coupable.
« Si vous êtes journaliste et que vous tenez des propos mensongers et diffamant comme ce fut le cas d’un journaliste après la mort d’un ministre, vous vous exposez à des poursuites judiciaires. Un journaliste n’est pas au dessus des lois. Pareil pour le cardinal Fridolin Ambongo, l’archevêque de Kinshasa », a-t-il expliqué.
Puis, de façon beaucoup plus développée, le dirigeant congolais a livré l’archevêque de Kinshasa. D’abord, il tranche que ce dernier s’est fait le porte-parole du pays agresseur, ensuite il mentionne qu’il doit le démonter et que c’est à la justice de voir clair dans l’affaire.
« Il s’est récemment fait le propagandiste du Rwanda en disant que la RDC armait les miliciens hutus des FDLR. Mais, qu’il le démontre. La liberté d’expression ne doit pas servir à affirmer des mensonges, même quand vous êtes cardinal. Je soulignerai que c’est la justice qui oeuvre à chaque fois. La séparation des pouvoirs est respectée », a-t-il alors ajouté.
De ce qui précède, on réalise que Félix Tshisekedi s’est mis à charger Fridolin Ambongo, à le rendre coupable bien avant même un quelconque procès. Puis, il se retire du dossier, appelant la justice à faire son travail sans interférences politiques.
C’est donc une passe en or pour le procureur de traîner derrière les barreaux le pasteur catholique. Le commandant suprême l’a déjà reconnu coupable. Par le passé, on se souvient de la façon dont des dossiers judiciaires ont fini pour certains accusés.
Vital Kamerhe condamné à 13 ans de prison a été acquitté quelques mois seulement après que Félix Tshisekedi a affirmé qu’il était un homme sérieux qui jouerait encore un rôle important au pays. Puis, après avoir dit à la presse que Stanis Bujakera était victime d’une justice malade, on a vu le journaliste être relaxé après plus de 6 mois de détention.
Que le même commandant suprême tranche contre Fridolin Ambongo, cela présage peut-être déjà la suite des événements. Les juges ont déjà des griefs de la part du président de la République et n’hésiteront peut-être pas à s’en servir.
Charles Mapinduzi
