La pillule est très amère à avaler pour le président congolais. Déjà malmené par le Rwanda via la milice M23, Félix Tshisekedi doit se demander s’il s’agit d’une bonne idée de lancer une nouvelle offensive diplomatique ou même militaire contre le régime de Kampala après les révélations faites par l’ONU, impliquant l’Ouganda dans le soutien aux rebelles.
En effet, dans un nouveau rapport, les Nations-Unies n’innocentent pas Museveni dans l’agression de la RDC.
« Depuis la résurgence de la crise du M23, l’Ouganda n’a pas empêché la présence des M23 et des soldats rwandais sur son territoire, ni leur passage, y compris lors de la prise de Bunagana », mentionne le rapport onusien qui précise en outre que les mouvements des rebelles sont aujourd’hui devenus de plus en plus fréquents entre la frontière congolo-ougandaise et que la présence des responsables des services d’intelligence ougandais a été notée afin « d’assurer la coordination avec les dirigeants du M23, fournir la logistique et transporter les dirigeants du M23 vers les zones contrôlées par la rébellion ».
Le même rapport accuse Andrew Mwenda, proche du général et chef d’état-major de l’armée ougandaise Muhoozi Kainerubaga, fils du président Museveni, d’aider Corneille Naanga à approcher certaines ambassades à Kampala où plusieurs rencontres avec les dirigeants du M23 ont été tenues, notamment entre mai 2023 et mars 2024.
Mais, bien que flagrants, ces éléments ne sont pas nouveaux. Depuis la prise de Bunagana, les forces vives ont toujours fourni des données qui attestent que Kampala est au côté du M23 dans la déstabilisation du Nord-Kivu. Il y a peu, Vital Kamerhe, un des officiels congolais, président de l’Assemblée nationale de surcroît, a récemment dit en pleine plénière que « le Rwanda et l’Ouganda causent l’insécurité dans l’est de la RDC ».
La question est donc très délicate pour Félix Tshisekedi. Jusqu’ici, il n’est jamais arrivé à se défaire du M23 ni même à vendre sa diplomatie au niveau international pour plaider en faveur de son pays. Ouvrir un autre front contre l’Ouganda est le choix le plus embrassant qui soit pour lui, tant il semble n’avoir pas assez de nerfs pour le supporter.
D’ailleurs, depuis le 30 novembre 2021, il travaille avec l’armée ougandaise dans la traque des terroristes ADF en région de Beni. Toute déclaration de guerre contre Kampala signifierait aujourd’hui la fin de coopération militaire contre ces djihadistes. Ce qui, à ce stade, paraitra également comme un morceau dur.
Car, avec cette approche, l’Ouganda pourrait sortir publiquement des griffes et se déclarer ouvertement ennemi à la RDC comme le fait déjà le Rwanda. On peut ainsi affirmer que Kinshasa est dans le dilemme, ne sachant plus à quel saint se vouer suite à son incapacité à protéger le pays.
Il y a peu, après avoir eu accès à d’incontestables éléments qui démontrent le rôle de l’Ouganda dans l’agression menée par le M23, Kinshasa a envisagé de mettre fin à la coalition FARDC-UPDF à Beni. Mais, cela n’est jamais allé plus loin.
Charles Mapinduzi