Il y a exactement 24 ans, ce mardi 14 mai 2024, étaient exécutés plus de 375 Congolais dans le village Katogota, dans le Sud-Kivu.
Et, c’est effet un massacre dont la mémoire reste vive en République démocratique du Congo jusqu’à ces jours. Le 14 mai 2000, 375 personnes sont tuées et jetées dans la rivière Uzizi. Aucun corps n’a été retrouvé, ont toujours rapporté plusieurs sources locales. Le massacre avait été commis par les rebelles du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), alliés au Rwanda. Les familles des victimes ont toujours demandé que les criminels présumés soient jugés par un tribunal pénal international mais rien n’a jamais été fait.
Que s’était-il donc passé réellement ? L’historien Benjamin Babunga revient sur les faits dans ce récit :
Ce jour-là, 14 mai comme aujourd’hui, mais en 2000, sous la rébellion du RCD-Goma, des éléments de l’Armée Nationale Congolaise (la branche armée du RCD-Goma) tuent plusieurs dizaines de civils dans le village de Katogota, situé à 70km de la ville d’Uvira, dans le territoire d’Uvira.
Ce sont au moins 300 personnes qui sont tuées par balles ou à la machette, et d’autres brûlés vifs lorsque les militaires incendient leurs maisons.
Ce massacre avait été commis à la suite de la mort d’un commandant du RCD-Goma, dans une embuscade attribuée aux éléments de la coalition des rebelles burundais et des Maï-Maï.
Le commandant Rugazura, sur son chemin retour vers Katogota, en provenance du village voisin de Lubarika, est tué par balle dans la cabine de la camionnette d’un commerçant qui transportait des civils et 5 militaires de son escorte.
Le directeur de l’école primaire de Lubarika, assis à ses côtés, est grièvement blesse. Aussitôt après avoir commis ce forfait, les assaillants se dispersent dans la brousse pendant que la camionnette poursuit sa course vers Uvira, avec le mort et le blessé.
Environ 2 heures plus tard, un camion des militaires du RCD-Goma arrive sur place, à Katogota.
Apres avoir bloqué tout trafic routier du côté de Kamanyola et de Luvungi, ils déclenchent une terrible opération de représailles qui se poursuivra jusqu’à 5h du matin le lendemain.
Les militaires du RCD-Goma vont alors se mettre à tuer les villageois maison par maison, selon les survivants.
Ils vont tuer, sans distinction, hommes, femmes et enfants. Les cadavres des victimes sont enterrés à la hâte, mais le plus grand nombre est trainé vers la rivière Rusizi, et jeté à l’eau.
Au lendemain de ce massacre, le RCD-Goma avait démenti être impliqué dans le carnage de Katogota, mais avait interdit l’accès au village pendant plusieurs jours.
Charles Mapinduzi