Entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba, le passé est tumultueux. L’actuel ministre congolais de la défense qui a pourtant été vice-président sous la transition dirigée par le prédécesseur de Félix Tshisekedi, n’a jamais voulu se courber face au sénateur à vie.
Après avoir marché ensemble jusqu’en 2006, les 2 acteurs sont passés de la collaboration à l’adversité qui s’était finalement présentée comme une inimitié quand les premières élections démocratiques furent venues.
D’abord, après avoir perdu les élections, Jean-Pierre Bemba a failli brûler Kinshasa avant d’être maîtrisé par les forces gouvernementales. Mais, en 2007, le 22 mars, un autre scénario fut reproduit et mis aux prises l’armée et la garde de l’ex-rebelle du MLC. Au sujet des évènements du 22 mars 2007, l’histoirien Benjamin Babunga Watuna rapporte ce qui suit :
Le 22 mars 2007, des affrontements éclatent à Kinshasa entre les forces gouvernementales et les combattants du Sénateur Jean-Pierre Bemba. C’est à l’issue de ces combats que JP Bemba s’était décidé de quitter le pays et de fuir en Europe où il sera arrêté 10 mois plus tard (mai 2008), suite à un mandat établi par la CPI.
L’élément déclencheur de ces affrontements semble avoir été l’ordre donné par le Lieutenant-Général Kisempia Sungilanga (Chef d’Etat-Major Général des FARDC), qui donnait jusqu’à la mi-mars aux hommes de Jean-Pierre Bemba pour incorporer l’armée régulière et limitait à 12 policiers les effectifs chargés de sa protection. Jean-Pierre Bemba (qui avait été élu sénateur en janvier de la même année) refusait, au nom de la préservation de sa sécurité physique et de la protection de ses avoirs matériels.
Dans la matinée de ce 22 mars, la tension devient vive aux abords de la résidence de Jean-Pierre Bemba, dans la commune de La Gombé. Son « Détachement de Protection Personnelle » (DPP, qui était composée d’une centaine de personnes) s’en prend à l’armée régulière et des tirs isolés à la provenance non établie se font entendre. Puis les combats entre le DPP et les FARDC s’intensifient. Ces affrontements vont pousser Jean-Pierre Bemba à se réfugier à l’ambassade d’Afrique du Sud.
Au soir de ce 22 mars, le DPP de JP Bemba semblait l’emporter, mais faute de ravitaillement en vivres et en munitions, elle finit par décrocher. Le 23 mars, les combats vont reprendre dès 5 heures du matin. Mais cette fois, les forces gouvernementales avaient pris le dessus. Un nombre important de soldats de Bemba s’était alors rendu à la MONUC et d’autres avaient fui à Brazzaville. Bemba, quant à lui, avait décidé de quitter Kinshasa; se réfugiant en Europe.
Charles Mapinduzi