On ne le dira pas tant, l’assassinat de Chérubin Okende est aujourd’hui devenu une épine sous le pied du régime en place. Que Félix Tshisekedi le veuille ou pas, ce meurtre lui colle à la peau. D’ailleurs, certains Congolais se sont vite précipités de comparer la disparition de cet opposant à celle de Floribert Chebeya sous Joseph Kabila. Pour eux, Okende est le Chebeya de Félix Tshisekedi.
Mais, cet assassinat aura-t-il permis à l’opposition congolaise de respirer? C’est en tout cas le moins qu’on puisse dire. Car, en effet, le pouvoir de Kinshasa issu fraîchement de la plus vieille formation de l’opposition devenait de plus en plus méconnaissable.
Meetings et manifestations interdits sans raison par ici, arrestations arbitraires et interpellations intempestives par là, le régime Tshisekedi ressemblait pas à pas déjà à celui de son prédécesseur ou, plutôt, pire.
On se souviendra de la récente manifestation de l’opposition à laquelle a pris part le quatuor Katumbi-Sesanga-Fayulu-Matata qui a été étouffée dans le sang à Kinshasa. On se rappellera également de l’interdiction de voyager vers le Congo Central pour Moïse Katumbi ou encore de Matata Ponyo et Delly Sesanga à l’intérieur du pays.
Dans la foulée, en dépit de multiples dénonciations d’une dérive totalitaire qui s’installait, le régime fit arrêter Salomon Kalonda, Franck Diongo ou encore Mike Mukebayi, tout en recreusant le dossier judiciaire de Matata Ponyo, ces acteurs qui se présentaient comme une véritable menace électorale au moment où les scrutins doivent s’organiser en décembre prochain.
Cependant, depuis la mort inattendue de Chérubin Okende, Kinshasa est devenu poli, tant la pression nationale et internationale s’est intensifiée autour de lui. Le régime n’ignore pas que toute gestion imprudente du dossier Okende risque de lui être fatale et de le passer dans le côté totalement obscur de l’histoire.
Aussi, le régime sait que dans ce contexte, ajouter d’autres accrochages avec l’opposition risque d’être la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Peut-être est-ce pour cela que les stratèges du pouvoir ont décidé de tempérer leur ardeur à traquer les opposants en attendant le moment venu, le temps de la campagne électorale qui sera déterminant et décisif.
Gabriel Musafiri