Depuis la tenue des élections générales de décembre dernier en République démocratique du Congo, Matata Ponyo n’a plus refait surface, sauf le 17 février dernier, quand il a été reçu par l’informateur désigné pour la formation du prochain gouvernement.
L’opposant qui a soutenu Moïse Katumbi à la présidentielle s’est terré comme quelques autres qui ne font plus parler d’eux. Après la proclamation des résultats, l’opposition a dénoncé un processus électoral irrégulier ponctué par une fraude massive en faveur de Félix Tshisekedi.
Mais, que devient donc le président du LDG? Sur la toile, les folles rumeurs l’ont proclamé premier ministre de Félix Tshisekedi. Pour certains, son passé de chef du gouvernement sous Kabila le plébiscite. Mais, tout ceci n’était que fabrication des réseaux sociaux sans aucun soubassement, la question étant de savoir si l’opposant serait disposé à rejoindre la mouvance au pouvoir s’il était sollicité.
Car, à de tels suppositions, l’ex-premier répondait déjà par une sorte d’anecdote : « Qu’est-ce que ça donnerait si on prenait Lionel Messi pour jouer au sein de l’équipe de Maniema Union », ironisait-il alors.
Mais, peut-être qu’il ne s’agit pas d’une sollicitation pour que Matata Ponyo s’allie à Félix Tshisekedi après l’avoir vertement critiqué. C’est plutôt le levier judiciaire sur lequel le régime appuierait pour mettre dos au mur le successeur d’Adolph Muzito.
En effet, après avoir ajourné l’affaire Bukanga-Lonzo en pleine période électorale, la Cour constitutionnelle vient de décider de la reprogrammer en la projettant au 18 avril prochain. C’est ce qu’indique une ordonnance de renvoi de la Haute Cour.
Bien qu’ayant été élu député national en ville de Kindu, Matata devra donc affronter de nouveau la justice congolaise. Et là, les choses risquent d’être accélérée, cette fois.
Mais, peut-on y voir une pression menée contre l’opposition pour le contraindre à abdiquer, à renoncer à sa lutte anti-Tshisekedi? C’est le moins que l’on puisse dire. Car, nombreux acteurs qui devraient être sous le verrou mais qui ont accepté de rejoindre l’Union sacrée ont vu leurs péchés pardonnés. Peut-être que le régime vise à pêcher Matata Ponyo dans son camp et tient à se servir de ses ennuis judiciaires pour le coincer.
En même temps, il est difficile de trancher. Il se pourrait que Matata Ponyo soit partant pour intégrer le pouvoir. Contre toute attente et contrairement à nombreux autres opposants, l’ancien chef du gouvernement de Kabila s’était fait consulter par Augustin Kabuya en prélude de la sortie du nouveau gouvernement. Avait-il donné son accord? Mystère. Peut-être Matata Ponyo n’avait pas été flexible lors des échanges avec l’informateur, ainsi tente-t-on de le pousser à devenir Tshisekediste en le menaçant par la justice.
Charles Mapinduzi