Comme personne ne l’ignore, toutes les tentatives de Félix Tshisekedi de renouer avec Kabila ont jusqu’ici accouché d’une souris. Pourtant, l’ex-président aurait pu constituer un atout majeur pour le régime à cette période où les Congolais sont appelés à se choisir de nouveaux dirigeants.
Face à ce refus exprès du sénateur à vie, le chef de l’Etat a trouvé la parade : tenter de s’appuyer sur des anti-Kabila pour gagner une certaine confiance, principalement dans l’espace ex-Katanga.
D’abord, à la surprise générale, Tshisekedi vient de nommer Eddy Kapend, général de brigade en lui confiant par la suite le commandement FARDC dans le Haut-Katanga. Pourtant, ce dernier avait déjà été radié de l’armée puis dégradé, redevenu par le fait même un civil.
Kapend est cité dans l’assassinat de Laurent Désiré Kabila et a été condamné à mort en 2002 avant d’être gracié par le régime actuel après avoir passé 17 ans en prison. Cette nouvelle nomination lui a conféré son grade de colonel puis par disposition exceptionnelle, l’a fait général de brigade.
« La nomination d’Eddy Kapend est la preuve d’une guerre froide psychologique entre deux camps », a estimé un ancien proche de Laurent Désiré Kabila.
Mais, Tshisekedi ne s’est pas limité à Kapend. Il est également allé puiser dans un dossier tumultueux pour les Kabilistes. Parmi ses ordonnances prises le jeudi 19 octobre dernier, le président congolais a aussi suspendu les arrêts de condamnation de Joseph Mukungubila ainsi que tous ses adeptes. Mukungubila avait été condamné à mort alors que 18 de ses fidèles étaient jusqu’ici détenus à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, condamnés à de lourdes peines.
Le pasteur avait tenté un coup d’Etat contre le pouvoir de Joseph Kabila selon les affirmations des autorités à l’époque. Il a été accusé d’être responsable de plusieurs attaques au pays, notamment d’une prise d’otage à la RTNC, à Kinshasa. Opposant à l’ancien régime, candidat à la présidentielle de 2006, originaire du Katanga, celui-ci est dirigeant d’une importante Église à Lubumbashi. Il a fui la RDC et est toujours en exil.
Pour nombre d’observateurs, que Félix Tshisekedi décide de repêcher Eddy Kapend et de le nommer commandant de l’armée dans le Haut-Katanga, fief de Kabila, ou qu’il décide d’innnoncenter Joseph Mukungubila et ses adeptes, est un acte de guerre larvée contre son prédécesseur.
A ce temps crucial où des pro-Kabila dont John Numbi semblent menaçants contre le régime, le chef de l’Etat veut se servir des adversaires les plus redoutables de l’ex-président, non seulement pour se faire des alliés et des fidèles capables de faire le contrepoids mais aussi pour resserrer ses rangs et parer aux éventualités.
Charles Mapinduzi