Félix Tshisekedi est peut-être en train de réussir son coup, celui de taire toutes les voies discordantes et ainsi régner en vrai « Roi Soleil » sur toutes les créatures congolaises.
Le journaliste Stanis Bujakera est malheureusement l’une des victimes expiatoires de la démarche entreprise par le régime qui tient, se dit-on, à installer au Congo une gouvernance de terreur où seuls les chantres du roi ont droit aux chapitres.
En effet, le célèbre journaliste de Jeune Afrique est toujours coincé entre 4 murs depuis plus de 4 mois. Toutes les voix se sont élevées pour exiger sa relaxation mais la justice congolaise a fait sourdre oreille et Félix Tshisekedi a opté pour abandonner au trou ce vaillant chevalier de la plume qui, pourtant, l’a accompagné en temps de galère lors de la campagne électorale pour la présidentielle 2018.
Le régime a donc testé et cela semble avoir effectivement payé. En incarcérant le journaliste congolais le plus suivi, Tshisekedi a quasiment mis en garde tous les autres qui oseraient lever l’once de leur petit doigt. Puis, il a réussi à tester la capacité de mobilisation de la presse vis-à-vis d’un confrère coffré en geôle.
Ainsi a-t-il réussi le coup, car, plus de 4 mois après, les dénonciations qui venaient de partout ont faibli et Stanis Bujakera devient peu à peu un oublié, un fait divers alors que son procès s’apparente plus à une affaire politique pour réprimer les journalistes, comme le dénonce Human Right Watch qui exige la libération du correspondant de Jeune Afrique.
« Près de 5 mois après l’arrestation de Stanis Bujakera par les autorités congolaises, l’affaire semble de plus en plus motivée par des considérations politiques et s’inscrit dans un cadre de répression contre les médias« , a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal de Human Right Watch en RDC, avant de poursuivre :
« Les autorités devraient immédiatement abandonner toutes les poursuites engagées contre Stanis Bujakera, le libérer et veiller à ce que les journalistes puissent faire leur travail sans craindre d’être arrêtés ou harcelés« .
En un mot comme en mille, Stanis Bujakera est un cobaye de laboratoire pour Tshisekedi. Par lui, le président congolais peut se convaincre qu’il peut taire toutes les grosses gueules qui l’empêcheraient de s’abreuver librement dans une RDC où, souvent, les caprices des dirigeants font la loi.
Rappelons-le, Bujakera, journaliste de 33 ans, directeur de publication adjoint d’Actualité.cd et correspond local de Jeune Afrique, est en prison depuis le 8 septembre 2023.
Les autorités congolaises l’accusent d’avoir fabriqué et distribué une fausse note des services de renseignements congolais affirmant que ces derniers avaient tué l’opposant Chérubin Okende. Depuis, le journaliste croupit à la prison de Makala.
Charles Mapinduzi
