Le parti au pouvoir sait souvent appuyer là où ça fait le plus mal. Alors que la République démocratique du Congo erre encore à tâtons, avec sa jeune démocratie trébuchante qui attend d’être consolidée, un cadre de l’UDPS propose une idée surréaliste : une présidence à vie pour le chef de l’Etat.
À la presse, Paul Tshilumbu, enseignant des universités, plaide pour la modification de la loi fondamentale afin de sauter le verrou qui empêche le président de la République à rester au pouvoir après un ou 2 mandats.
Même si ce député tshisekediste semble nuancer en indiquant qu’il ne fait pas particulièrement allusion au président congolais actuel, des analystes y voient un ballon d’essai dans l’opinion. L’UDPS tâte-t-elle le terrain pour obtenir les réactions que suscitera l’idée ? En tout cas, cela est l’avis des observateurs.
« Pourquoi limiter le nombre de mandats présidentiels? Nous avons vu qu’il y a des présidents qui sont fin mandat, mais avec 70% ou 90% d’intentions de vote. Ça veut dire qu’il a tellement bien travaillé pour son pays que le peuple a encore besoin de lui. Mon seul souci est que si nous avons une perle rare, protégeons-la, au lieu de la perdre. Bien qu’étant du parti au pouvoir, je ne vise pas Félix Tshisekedi. C’est une réflexion que j’ai lancée. Mais, si c’est lui la perle rare que les Congolais recherchent, s’il va faire 20 ou 30 ans au pouvoir, je suis d’accord », dit-il.
Mais, l’idée fait peur. Car, même si Paul Tshilumbu se cache, tout semble donner l’impression que c’est pour Félix Tshisekedi qu’il parle. On redoute bien que la famille politique du chef de l’Etat qui a réussi à mettre dans sa poche le Parlement puisse profiter de son influence actuelle pour manipuler les députés et obtenir la suppression des mandats présidentiels.
Dans ce cas, Félix Tshisekedi qui tient à rempiler pour un second mandat pourrait se voir gracieusement aller au delà de 2028, s’il est réélu en décembre prochain. Dans ce cas de figure, la République démocratique du Congo aura ainsi emprunté la voie des États voisins d’Afrique (le Rwanda, l’Ouganda, etc) où les chefs d’État sont autorisés à postuler autant qu’ils ne le peuvent.
Le danger est grand, car même au sein de très vieilles démocraties (France, USA, etc) où la stabilité politique, économique, sociale et sécurité est garantie, les constitutions n’accordent pas aux dirigeants des présidences à vie.
Charles Mapinduzi