Jusqu’ici, Cyril Ramaphosa est le principal soutien de la République démocratique du Congo dans la tentative de Kinshasa de se débarrasser du M23 dans le Nord-Kivu, pour ce qui est de la Communauté de développement de l’Afrique australe.
Après l’échec de la force de l’EAC qui a d’ailleurs été remerciée par le gouvernement congolais, la SADC a été appelée à intervenir pour sauver la situation. Et, alors que d’autres États se sont montrés réticents, Pretoria a été le premier à se jeter à l’eau en envoyant ses soldats sur le terrain.
Une source diplomatique affirmait que les fonds pour financer les troupes de la SADC faisaient encore défaut mais que le président sud-africain était encouragé à déployer ses hommes parce qu’il avait des intérêts particuliers avec Félix Tshisekedi, pour ce qui est notamment des acquis miniers.
Cependant, au moment même où le pays attend que la force de l’Afrique australe s’engage frontalement contre les groupes armés dont le M23, Cyril Ramaphosa a changé de narratif après avoir participé aux 30 ans de commémoration du génocide au Rwanda.
Le président sud-africain soutient désormais que la solution au conflit doit être politique. Ce qui sous-entend que Kinshasa doit négocier avec les rebelles.
« Je quitte le Rwanda avec un sentiment renouvelé et l’intention qu’il faut une solution politique », a-t-il dit.
Qu’est-ce qui l’aurait poussé à faire donc le revirement ? A-t-il eu des confidences avec le dirigeant rwandais? Est-il sur le point de se désengager en RDC et de retirer ses hommes sur le terrain ou carrément, de leur dire de ne rien faire? Toutes ces questions restent pendantes.
Une source indépendante rapporte que Cyril Ramaphosa aurait décidé de prendre une nouvelle position pour avoir négocié, avec le régime de Kigali, la libération d’une dizaine de soldats sud-africains qui avaient déjà été capturés par le M23.
Si Pretoria venait à lâcher Kinshasa, cela passerait pour un coup dur et un échec de la diplomatie congolaise. Dans ce cas de figure, la force de la SADC aura également perdu toute sa saveur. Car, hormis l’Afrique du Sud, seuls le Malawi et la Tanzanie ont accepté, jusqu’ici, de déployer leurs forces au Congo sans exprimer par ailleurs leur grande intention de se lancer au combat.
Charles Mapinduzi