De son vivant, le Burkinabè Thomas Sankara prévenait qu’on « ne traitait pas une malaria en citant le nom du médicament mais en prenant le médicament ». Puis, au Nigérian Wolle Soyinga de renchérir : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude mais saute sur sa proie et la dévore ».
Ces postulats émis par ces 2 éminentes personnalités résonnent encore mieux dans les esprits des Congolais ainsi que dans ceux des Africains membres de la Communauté d’Afrique de l’Est à ce temps où le régime de Kigali a réactivé sa machine déstabiliser la région.
Après avoir été en disgrâce avec la Tanzanie et l’Ouganda, le Rwanda s’est fait des ennuis avec la République démocratique du Congo et le Burundi. Mais, face aux mêmes provocations, le régime de Gitega-Bujumbura a pris une décision qui impose le respect et la grandeur.
Après avoir obtenu des informations au sujet du soutien du Rwanda à un groupe armé burundais (qui est actif sur le sol congolais) qui a attaqué le Burundi en y faisant au moins 20 morts dans le rang des militaires, le général-président Evariste Ndayishimiye a aussitôt battu le fer quand il était encore chaud.
En effet, Gitega a fermé sa frontière avec le Rwanda puis a expulsé des sujets rwandais arrêtés sur son sol, soupçonnés d’avoir été envoyés par le gouvernement Kagame pour recueillir des informations et ainsi faire mal au Burundi.
« Nous avons fermé nos frontières avec le Rwanda. Celui qui va tenter d’y aller ne passera pas. La décision a été prise », a prévenu Martin Niteretse, ministre burundais de l’Intérieur, qui a accusé Kagame de se comporter en mauvais voisin.
Dans l’opinion congolaise, des internautes ont salué la ferme décision d’Evariste Ndayishimiye face au Rwanda puis ont chargé Félix Tshisekedi dont le pays est agressé par le même pays [Rwanda] mais dont les actions sont restées timides jusqu’ici.
« Maintenant que le Burundi a fermé sa frontière du côté rwandais, pourquoi la RDC ne fermerait pas de même pour asphyxier les dirigeants rwandais? Pourquoi les autorités congolaises ont pitié du peuple rwandais que des Congolais qu’on tue tous les jours », a par exemple écrit maître Jean-Claude Katende de l’ASADHO.
L’attitude du régime de Gitega-Bujumbura semble ainsi passer pour une leçon pour le régime Tshisekedi. La République démocratique du Congo qui est agressée depuis plus de 2 ans par le M23, groupe armé pro-rwandais, s’est limitée aux simples menaces sans jamais aller trop loin alors que pour le Burundi, une première provocation a suffi pour que le président Ndayishimiye agisse.
À Kinshasa, que des rhétoriques sur les lèvres! Il y a peu, à la clôture de la campagne électorale, Félix Tshisekedi qui s’exprimait sur Top Congo, a même menacé d’engager une guerre ouverte contre le Rwanda s’il apprenait qu’un seul coup de feu avait été tiré sur le sol congolais par la coalition M23-AFC de Corneille Nanga.
« A la moindre escarmouche, des rigolos que vous avez vu s’exprimer à Nairobi, lisez sur mes lèvres, je vais réunir les 2 Chambres en congrès, et je veux leur demander l’autorisation de déclarer la guerre au Rwanda. Je le dis et je pèse mes mots, parce que je suis même prêt à cela. On n’a même pas besoin d’envoyer des troupes au sol au Rwanda, dès chez nous, nous pouvons atteindre Kigali. Parce que j’en ai marre. Kagame se moque de nous. Maintenant, il faut quelqu’un pour l’arrêter et je suis ce quelq’un là. Je le redis. Ce n’est pas une blague. Si j’apprends qu’ils ont pris une seule localité où ils ont tué un Congolais, je commence la guerre contre le Rwanda. Nous avons les capacités aujourd’hui », avait-il dit.
Mais, de ces jours, alors que le M23 continue de faire des ravages, Tshisekedi est toujours silencieux et refuse de répondre à l’appel. Des Congolais lui rappellent ainsi sa promesse de campagne et lui demandent d’apprendre la leçon auprès de son homologue burundais, celle de savoir qu’entre États, seul le rapport de force compte, pas de menaces verbales.
Charles Mapinduzi