On le craignait depuis le début. Avant que Félix Tshisekedi ne décide unilatéralement et contre la volonté populaire de déployer l’EAC au Nord-Kivu, les ressortissants de l’Est l’ont prévenu sur le danger que cette partie courait.
Ces derniers ont insisté auprès du président congolais que la présence des armées étrangères, en plus forte raison celles issues des pays qui convoitent et combattent la RDC, n’était pas une bonne idée et qu’il fallait essentiellement compter sur les FARDC pour en découdre avec le M23 et d’autres groupes armés.
Cependant, le chef de l’Etat est resté insensible à toutes ces évidences jusqu’à que la situation tourne mal contre le Congo. Car, en dépit de l’intention du régime de Kinshasa de voir l’EAC quitter le sol congolais, rien de tel n’est fait et ne semble pas prêt à être fait.
On se souvient qu’en mai 2023, à la presse, Félix Tshisekedi a garanti que si ces troupes ne donnaient pas de résultats escomptés sur le terrain, la RDC serait contrainte de les raccompagner au mois de juin. Toutefois, quand juin est venu, le mandat de cette force a quand même été renouvelé jusqu’en septembre.
Puis, à ce temps-là, Mbusa Nyamwisi qui avait représenté Félix Tshisekedi au sommet avait tranché que cette fois, l’EAC n’allait pas dépasser septembre 2023, que ce n’était pas négociable. Mais, quand septembre est venu, les présidents sous-régionaux ont décidé de maintenir les troupes jusqu’au 8 décembre.
Face au murmures des Congolais et, désemparés que la force est-africaine soit toujours sur le sol congolais, Christophe Lutundula et Patrick Muyaya ont plusieurs insisté que décembre n’allait pas passer, que le 8 de ce mois-là, l’EAC quitterait coûte que coûte la RDC.
Mais, alors que le jour J en question approche, des observateurs commencent à conclure que les Congolais ont été menés en bateau par leurs propres autorités. Car, ce vendredi 24 novembre, un sommet a eu lieu à Arusha, en Tanzanie. Ce sommet était sensé fixer le calendrier du retrait des troupes. Mais encore, les chefs d’Etat ont voté contre le départ de l’EAC et ont plutôt recommandé des consultations entre les chefs des armées de l’EAC et de la SADC (cette force que Félix Tshisekedi veut voir remplacer l’EAC), et ont soumis des recommandations aux ministres de la défense avant le prochain sommet.
Ce qui, dans les faits, indique que l’EAC pourrait rester en RDC au-delà de décembre. Au Nord-Kivu, on a plusieurs dénoncé les limites de cette force. On la soupçonne même d’être de connivence avec le M23 dans l’agression de la RDC.
Même Félix Tshisekedi a plusieurs déjà exprimé sa déception et a dit préféré le déploiement des troupes de la SADC. S’il avait voulu écouter son peuple, on en serait peut-être pas là. Aujourd’hui, il ressort que la RDC est maintenant incapable de se débarrasser de l’EAC dont le travail n’est pourtant pas visible sur le terrain.
Charles Mapinduzi