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Suspension du journaliste Jessy après les propos de Koffi à la RTNC : Seth Kikuni note la bravoure d’un Congolais qui a « compris que soutenir une dictature, c’est comme nourrir un serpent »

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On le craignait. On le savait. Dans un régime où toute voie discordante est prise pour une rébellion, le journaliste Jessy Kabasele n’avait aucune chance de se tirer d’affaire après le passage de Koffi Olomide à la Radio-télé nationale congolaise (RTNC).

Dans une note parvenue à la presse, la Directrice générale de la RTNC dit avoir « décidé à dater de ce jour, de vous suspendre préventivement de vos fonctions, conformément aux dispositions des articles 65 du Statut des Agents et 47 de la Convention Collective ».

Le présentateur de l’émission “Le Panier » est accusé par sa hiérarchie d’avoir laissé Koffi Olomide « remettre en cause la guerre d’agression dont est victime notre pays de la part du Rwanda ».

Seth Kikuni y voit plutôt un acte patriotique d’un Congolais qui a refusé de se laisser manipuler par la ligne éditoriale imposée à la radio nationale, celle de la pensée unique.

Pour l’opposant, ce n’est pas en feignant, en esquivant, en se faufilant, en mentant et en faisant semblant que la réalité sur le terrain changera pour autant. Le fait est que le M23 a effectivement pris de l’ascendance sur les FARDC et que des soldats congolais sont parfois déployés sur la ligne de front à motos.

Pour le président de Piste pour l’Emergence, la vraie revanche des autorités de Kinshasa serait de changer la donne, plutôt que de se rabattre sur des citoyens innocents qui ne font que relayer la pure vérité.

« Sur ordre du régime, la chaine de la honte (RTNC) a suspendu Jessy Kabasele et son émission, mais qu’est-ce que cela change au fait que « nous sommes tapés, giflés comme des enfants… » Rien. Si vous estimez que nous sommes en guerre, concentrez-vous sur elle, au lieu de taper, gifler tout citoyen qui le rappelle. Au moins, notre compatriote Jessy a compris que soutenir une dictature, c’est comme nourrir un serpent venimeux. A tout moment, il peut vous mordre », écrit l’opposant.

Sans le rappeler, répondant à une question à la RTNC, la star de Quartier latin a insinué que ce qui se passait contre le M23 ne pouvait pas être considéré comme une guerre. En cause, le cessez-le-feu prolongé et surtout injustifié que la partie congolaise s’est déjà offert alors qu’elle ne contrôle plus des pans entiers du territoire national.

« Il n’y a pas de guerre. Nous sommes tapés, giflés, on fait de nous ce qu’on veut. J’ai vu des camions de ces gens là qui viennent tranquillement, paisiblement, il n’y a personne pour les empêcher. Et, j’ai vu, nos soldats vont à motos au front pour aller combattre. J’ai eu des larmes. Il n’y a pas de guerre. La guerre, c’est quand tu tires, je tire », a-t-il dit.

Cette déclaration lui a d’ailleurs valu d’être convoqué par le CSAC pour être entendu. Pourtant, nombre d’observateurs soutiennent que Koffi Olomide s’est plutôt montré réaliste.

En effet, depuis la prise de Bunagana par le M23 le 13 juin 2022 jusqu’aux récentes conquêtes en territoire de Lubero, les troupes congolaises n’ont jamais reconquis aucune localité passée entre les mains des rebelles, voici 2 ans.

Sur la ligne de front, les FARDC sont constamment en attente et ne réagissent que si le M23 lance les hostilités. Les exemples sont légions. Et, c’est d’ailleurs cela qui irrite constamment les forces vives dans la contrée.

Aujourd’hui, sur les collines surplombant la cité de Sake, à une vingtaine de kms de la ville de Goma, l’armée et les rebelles sont distants de quelques kilomètres seulement. Depuis des mois, les FARDC n’ont lancé aucune opération de reconquête. La même situation est vécue à Kibumba, à une trentaine de kms de Goma.

Aussi, avant la prise de Kanyabayonga en fin juin dernier, les forces loyalistes étaient en attente jusqu’à ce que les assaillants aient décidé de venir attaquer et occuper le lieu. Peu avant, entre décembre 2022 et décembre 2023, la présence de l’EAC sur le sol congolais a imposé une trêve d’un an alors que c’est la RDC qui devrait déloger l’ennemi de son territoire. Ce qui a permis au M23 de se reconstituer largement.

Acteurs politiques et sociaux du Nord-Kivu se plaignent ainsi de l’inaction des FARDC face aux rebelles et estiment que cela favorise l’avancée du M23 sur le terrain. En plus, on note des conditions difficiles dans lesquelles les FARDC travaillent, parfois sans nourriture et équipements.

A moins que Kinshasa décide de changer la donne, comme le dit Koffi Olomide, le Congo ne semble pas en guerre et il est difficile de gagner contre l’agresseur sous le format actuel de la situation.

Charles Mapinduzi

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