Kinshasa vient d’être placé devant un fait accompli par les États-Unis. Alors que l’ennemi contrôle toujours des pans entiers du territoire national après avoir élargi son rayon d’action à Lubero, 4e territoire congolais à être secoué par l’agression, Washington s’invite dans le débat de façon unilatérale.
Et, de manière aussi surprenante qu’on ne pouvait l’imaginer, les États-Unis ont imposé un rythme aux dirigeants congolais sans pourtant faire partie de ce conflit qui oppose la RDC au M23/Rwanda.
« Les USA annoncent une trêve humanitaire du 5 juillet au 19 juillet entre les parties en conflit, à savoir la RDC et le Rwanda », a-t-on indiqué.
« La trêve humanitaire de 2 semaines engage les parties au conflit à faire taire les armes, à permettre le retour volontaire des personnes déplacées et à fournir au personnel humanitaire un accès sans entrave aux populations vulnérables. La trêve ouvre les zones d’hostilités qui affectent le plus les populations civiles », indique un communiqué.
Dans la foulée, Kinshasa ne peut plus rien, contraint d’observer alors qu’il n’a pas le contrôle sur plusieurs agglomérations. Dans le camp ennemi, c’est peut-être même un ouf de soulagement, car le M23 est pour l’instant en position de faiblesse alors que la partie congolaise à l’obligation de déloger l’envahisseur.
Curieusement, les dirigeants congolais se réjouissent sans se rendre compte que la trêve est plus avantageuse aux rebelles qu’à la nation. D’ailleurs, dans un message de Patrick Muyaya, Kinshasa espère voir le M23 se retirer sans être combattus. Une hypothèse pourtant inimaginable même chez les politiciens amateurs
« L’objectif de la trêve humanitaire de deux semaines qui débute ce vendredi 5 juillet jusqu’au 19 juillet 2024 demandée par les États-Unis au Rwanda, acceptée par la RDC n’est pas une simple trêve, mais un retrait total des troupes rwandaises du territoire de la RDC et une condamnation de cet agresseur par les juridictions judiciaires internationales. Peu avant cette trêve des USA, l’Union Européenne a gelé l’aide de 20 millions des USD du Rwanda. Cette pression de plus en plus intense sur le Rwanda est le résultat de la détermination du président Félix Tshisekedi, l’engagement de l’action du gouvernement et la mobilisation de tous les congolais », dit-il.
Dans les faits, c’est la RDC qui est dos au mur. Au cours de 2 prochaines semaines, elle ne pourrait rien tenter. Les populations qui ont fui les hostilités ne peuvent rien espérer alors que la plupart ont attendu que les rebelles soient repoussées au plus vite afin qu’elles regagnent leurs villages à Lubero et ailleurs.
Que le gouvernement congolais se réjouisse d’une mesure lui imposée et qui ne joue pas en sa faveur, c’est cela qui inquiète et n’augure pas espoir.
Charles Mapinduzi
