La tension demeure vive dans la commune rurale de Mangina, en territoire de Beni (Nord-Kivu) depuis quelques jours maintenant.
En cause, des altercations qui ont opposé, dans un premier temps, l’armée congolaise à des miliciens Maï-Maï abusivement appelés Wazalendo par le régime de Kinshasa. Puis, d’autre part, entre les services de sécurité et les jeunes manifestants soupçonnés d’être de connivence avec la milice.
Si les sources officielles parlent de 6 personnes mortes, les forces vives dressent un bilan de 9 Congolais fauchés alors que d’autres sources indépendantes parlent d’une dizaine de morts dont des civils.
Les vidéos qui ont envahi les réseaux sociaux sont atroces et cruelles. À l’image des évènements du 30 août dernier en ville de Goma, événements au cours desquels la Garde républicaine a tiré à bout portant sur les fidèles de la secte Wazalendo qui n’étaient qu’armés que de bâtons, les éléments FARDC ont visé des jeunes qu’ils ont achevé sans sommation.
Ce qui a d’ailleurs ravivé les tensions, le lundi 8 et le mardi 9 janvier. D’ailleurs, très en colère, les jeunes sont encore descendus dans la rue ce mardi, une manifestation ponctuée par des coups de feu et qui s’est même soldée par l’incendie de la maison du bourgmestre ainsi que tous ses biens par une population rouge de colère qui protestait contre l’assassinat des civils innocents.
Les autorités présentent les personnes tuées comme des miliciens. Mais, la population locale rétorque que certaines des victimes ont directement été ciblées par l’armée alors qu’elles n’étaient pas hostiles.
Le député Saidi Balikwisha, élu de Beni, n’en revient pas non plus.
« Ce qui se passe à Mangina est tout simplement inacceptable. On ne peut pas tirer à bout portant sur de simples populations civiles qui couraient dans tous les sens pour chercher de abri face à des coups des balles tirés depuis plus de 5 jours. Ces morts s’ajoutent aux autres civils tués depuis des années par les ADF. La population sait clairement dire qui tirait à Mangina », dénonce-t-il, appellant ainsi la justice à sévir contre ceux qui sont impliqués dans ce nouveau carnage.
Pour rappel, le mercredi 30 dernier, à Goma (Nord-Kivu), des fidèles non armés de la secte religieuse appelée Wazalendo avaient prévu une manifestation contre la présence de la MONUSCO et de l’EAC en RDC.
Mais, tôt le matin de ce jour-là, bien avant le début de la marche, des militaires de la Garde républicaine ont été déployés à l’église puis à la radio de cette secte et ont commencé à tirer à bout portant sur ces civils.
Les autorités congolaises avaient alors dressé un bilan de près de 60 morts alors que la société civile parlait de plus de 100 Congolais tués. Ceci avait suscité indignation dans l’opinion jusqu’à ce que l’armée congolaise ait été remise en cause.
Charles Mapinduzi
