Au Tchad, les résultats de la présidentielle ont été rendus publics plus vite que prévu. L’Ange (Agence nationale de gestion des élections) qui devrait compiler les résultats jusqu’au 21 mai prochain a surpris le pays en indiquant, le jeudi 9 mai, que le président sortant avait remporté les scrutins dès le premier tour avec 61,03%.
Peu avant, l’opposant Succès Masra revendiquait déjà la victoire, le même jeudi 9 mai. Ce qui a rendu beaucoup plus complexe la situation, car les élections ne remontent qu’au 6 mai dernier, soit 3 jours seulement après. Arrivé 2e, Succès Masra a été annoncé avec 18,53% seulement.
Si dans le camp du président sortant, c’est la satisfaction ponctuée par des célébrations dans les rues de certaines entités, au sein de l’opposition, c’est des dénonciations. Celle-ci parle d’une mascarade et un braquage électoral.
Sitack Yombatina, vice-président du parti d’opposition les Transformateurs, est allé même jusqu’à qualifier l’agence chargée des élections d’un « démon ».
« Depuis 1996, le MPS (parti de feu Idriss Déby Itno) a toujours organisé des élections tronquées, truquées », a-t-il dit à RFI.
En Afrique, on organise pas les élections pour les perdre
L’écrasante victoire de Mahamat Idriss Déby à la présidentielle vient-elle confirmer l’adage : « En Afrique, on organise pas les élections pour les perdre »?
En effet, dans de nouvelles et vieilles dictatures africaines ainsi que dans des démocraties apparentes, des fraudes massives sont régulièrement orchestrées par les tenants du pouvoir afin de se maintenir contre la volonté de leur peuple.
Les exemples sont légions. Récemment, en République démocratique du Congo, les Congolais ont été témoins d’une fraude massive savamment mise en place par la famille politique au pouvoir pour assurer à Félix Tshisekedi un second mandat.
Les opposants ont été empêchés de se mouvoir librement sur l’ensemble du pays pour battre campagne, les machines à voter ont été distribuées tels de petits pains pour favoriser la réélection du président sortant.
Comme on le sait, au Tchad, Mahamat Idriss Déby est arrivé au pouvoir après l’assassinat au front, le 20 avril 2021, de son père qui dirigeait le pays depuis plus de 30 ans.
A la tête de la transition, Mahamat vient alors de remporter l’élection avec plus de 60% dès le premier tour grâce à des scrutins dénoncés par ses opposants.
Charles Mapinduzi