Lancé avec air martial en mai 2021, l’état de siège a vite tourné au flop. Présenté comme une « prise de finition » pour mettre fin à l’insécurité dans l’Est, il n’est plus aujourd’hui qu’une manifestation de plus du démon de l’inachevé, parce que mal préparé, qui caractérise tous les grands ouvrages de Félix Tshisekedi, à l’instar des travaux des 100 jours.
En effet, comme au temps des sauts-de-mouton, les gouverneurs militaires continuent de promettre le feu et la foudre, en dépit des démentis cinglants sur terrain : axe Bunia-Butembo qui devient plus sanglant que jamais, tueries et bombes artisanales qui explosent à Beni… mais pas un seul haut fait d’arme à se mettre sous la dent.
Les rares opérations que l’on voudrait mettre à son actif ne diffèrent en rien des opérations routinières de tous les jours, rien à voir avec les exploits de Mamadou Ndala et de Sylvain Bahuma, exploits qui n’ont pas, eux, nécessité un état de siège.
Suite à son constat glacial sur terrain, les experts du Gouvernement en accord avec les députés nationaux, l’armée et la police avaient déjà projeté un plan de sortie de l’état de siège avant même sa 10e prorogation. Les analyses approndies ont montré que cette disposition légale devrait être retirée par rapport au contexte réel.
Curieux que cela puisse paraître, le M23 a refait surface en plein état de siège. Sans mâcher les mots, le président de l’ASADHO, Jean-Claude Katende, évoque l’échec de la diplomatie du président président congolais après les récentes déclarations du Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres.
“La diplomatie du Président Félix Tshisekedi sur la situation de l’Est, Bunagana, a totalement échoué. Engagements de Luanda non appliqués, secrétaire d’Etat américain soutient le Rwanda, l’ONU déclare son incapacité face au M23. Qu’est ce qui nous reste ? Seules les Fardc”, a indiqué dans un tweet Jean-Claude Katende, qui passe véritablement pour un lanceur d’alerte.
Signalons que la partie de l’Est plus précisément la cité de Bunagana vient de totaliser plus de 12 mois sous occupation rwandaise à travers le M23, qui n’entend pas quitter le territoire congolais de sitôt. Pendant ce temps, le gouvernement congolais peine à trouver une solution “ultime” pour mettre fin à cette insécurité grandissante entretenue par une centaine de groupes armés qui écument les richesses de l’est du pays.
En vérité, l’état de siège n’avait pour vrai but que de desserrer l’étau des citoyens sur la MONUSCO dont toute la population de l’est et quelques organisations à Kinshasa ont vivement demandé le départ. Le seul fait tangible de l’état de siège, c’est que les populations sont interdites de manifester, sous peine de répression par les militaires.
Gédéon ATIBU