Tous les réseaux sociaux sont en feu (Tik tok, Instagram, X, Facebook, WhatsApp et autres) suite à la dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est de la RD Congo.
D’où vient la spirale ?
Tout a commencé le 05 février. À 2 jours de la demi-finale de la CAN, lorsque le footballeur Congolais, Cédric Bakambu a tweeté sur son compte X un message de rappel sur ce qui se passe à Goma.
« Tout le monde voit les massacres à l’Est du Congo. Mais tout le monde se tait. Mettez la même énergie que vous mettez pour parler de la CAN pour mettre en avant ce qu’il se passe chez nous, il n’y a pas de petits gestes« , a-t-il déclaré.
Le message a été retweeté plus de 13.000 fois et tout le monde a oublié l’engouement suscité par la CAN pour poster des messages de soutien à ceux de l’Est de la RDC.
Le 07 Février, lors du match de la demi-finale opposant la RDC à la côte d’ivoire, les joueurs congolais ont effectué un geste qui allait tout changer.
Pendant l’hymne national, ils ont tous posé une main sur la bouche et le doigt sur la tempe en signe de dénonciation du silence de la communauté internationale face au génocide de l’Est du Congo.
Cela a suscité un éveil de conscience de niveau international. Tout le monde en a parlé et tout le monde voulait savoir ce qui se passe à l’Est du pays. Quel est ce génocide qui dure pourtant déjà depuis près de 30 ans ?
Aucun média international ne voulait parler de ce geste, sauf le média français « Brut » qui est exclusivement sur les réseaux sociaux.
Il y a des marches et des protestations des congolais presque partout dans le monde. À Kinshasa, la population a protesté devant les chancelleries occidentales, accusées de complicité dans la situation de l’Est.
Ce qui ne se dit pas…
Pendant que la population condamne les décideurs étrangers à cause de leurs silence et inaction sur ce qui se passe à l’Est avec le M23 soutenu par le Rwanda, qu’en est-il de nos propres décideurs et de ce qui se passe dans d’autres provinces ?
À Kinshasa, il n’y a certes pas 5 millions de morts. Mais plusieurs maisons sont cambriolées, plusieurs personnes kidnappées, volées, agressées, violées et assassinées non pas par des milices étrangères, mais par des compatriotes Congolais aucunement soutenus par une force étrangère.
À Kwamouth, au Maï-ndombe, à Maluku, plusieurs personnes sont massacrées par des milices congolaises. Des terres sont arrachées aux pauvres fermiers. Pourtant, aucune force étrangère ne soutient ces milices.
À Kwilu-Ngongo, à Kimpese, les gens sont attaqués en pleine nuit, des maisons sont cambriolées.
Fin janvier 2024, des troubles ont eu lieu à Kimpese. Ils ont été déclenchés par des manifestations publiques de la population locale, dénonçant l’insécurité croissante dont certains agents de force de l’ordre seraient complices.
Dans une vidéo devenue virale dans la matinée de ce mardi 13 février, l’on voit quelques agents des forces de la Police Nationale Congolaise en uniforme, danser de manière obscène dans une cérémonie aux allures d’un bain de consolation des funérailles.
Il est facile de condamner ou responsabiliser les décideurs internationaux sur ce qui se passe à l’Est du pays. Mais qu’en est-il de ce qui se passe chez nous ?
Nous n’arrivons pas à stopper l’insécurité dans nos rues à Kinshasa, les tueries dans le Maï-ndombe, perpétré par nos propres compatriotes. Que dire de ce qui se passe à Kwilu-Ngongo et à Kimpese.
Les décideurs étrangers, doivent-ils aussi venir se charger de ça ? Telle est la question.
Le gouvernement congolais a pour projet d’instaurer le service militaire obligatoire afin d’en finir avec les principaux groupes armés dont le M23. En quelque sorte, tout jeune, après ses études secondaires, devrait passer par l’armée avant ses études universitaires. Cela est appelé « la conscription ». Israël, le Danemark, l’Autriche ou encore la Grèce utilisent encore la conscription.
Une idée que plusieurs personnes partagent, mais pas les femmes, ni les mères. Quels jeunes seront enrôlés au moment où la majorité des gouvernants envoient leurs enfants faire leurs études en Europe ? La question reste posée.
La RDC souffre à cause de ses faibles dirigeants qui pensent que les solutions aux problèmes du pays doivent venir d’ailleurs. Un pays fort qui a à cœur la défense de son pays se fait respecter et repousser les velléités hégémoniques de ses voisins. Il n’en est pas le cas pour la RDC dont ses dirigeants sont partiellement fautifs. A cause de cela, le pays est en train de faire du surplace en le payant cher.
Yanne Mbiyavanga