Le mercredi 15 mai dernier, les 35 victimes de l’attaque à la bombe d’un camp de déplacés à Mugunga et Lushagala, aux périphéries de Goma (Nord-Kivu) ont été enterrées au cimetière du Genocost érigé à Kibati, à quelques kilomètres de la ville.
Les ministres Fabrice Puela des Droits humains, Modeste Mutinga des Affaires sociales et Patrick Muyaya de la communication étaient présents aux cérémonies. Mais, le plus grand absent a encore été Félix Tshisekedi.
Sa dernière tournée dans la contrée était celle de la campagne électorale au cours de laquelle il sollicitait des voix des Congolais dans la contrée. Mais, la mort de 35 d’entre eux dans des circonstances particulières difficiles ne l’a pas persuadé de se rendre sur place pour réconforter les familles des victimes, rassurer les survivants et remonter le moral des troupes.
S’il a jusqu’ici effectué plus de 16 voyages en dehors du pays depuis le début de son second mandat, le chef de l’Etat n’a encore programmé aucun déplacement en provinces, même quand cela s’est avéré nécessaire.
Ces jours, le débat autour de son absence à Goma est rallumé par le fait que, par lui-même, Félix Tshisekedi avait annoncé qu’il écourtait son séjour en Europe afin de venir suivre de très près ce qui se passait au Nord-Kivu.
Cependant, à la surprise générale, quelques temps seulement après son retour au pays, le dirigeant congolais s’est plutôt rendu au Congo Brazza et n’a plus placé aucun mot sur l’affaire de Goma.
« Imaginez ce que vous auriez pu gagner dans l’opinion internationale si, après voir interrompu votre tournée européenne, vous étiez descendu directement à Goma. Imaginez une image de vous, visage fermé, devant les 35 conseils de victimes de la barbarie rwandaise, cercueils couverts des drapeaux Congolais », a écrit le journaliste Alain Mwamba, avant de poursuivre.
« Après là, vous seriez descendu dans le camp des réfugiés pour consoler la population, distribuer la bouillie aux enfants. C’est ce genre d’images qui entrent dans l’histoire. Ensuite, dans ce décor, vous auriez pu lancer un message fort et sévère au Rwanda et la Communauté internationale. Mais, malheureusement, on a loupé l’occasion, la réalité est bien triste. Vous êtes rentré, on vous a vu recevoir Kabuya avant d’aller boire et manger au Congo d’en face. Dans les médias, vos communicateurs parlent de la révision de la constitution », a-t-il regretté.
Et, nombreux autres commentaires allant dans le même sens ont rempli les médias sociaux. La plupart s’en prennent à Félix Tshisekedi et le trouvent indifférent vis-à-vis de la situation des Congolais de qui il a obtenu un second mandat.
Dans un message, la présidence a relayé que le chef de l’État avait suivi avec peine l’enterrement des victimes. Sans aucun doute, soit à la télé, soit à la radio, via les réseaux sociaux ou encore par ses délégués à Goma. Mais, qu’il y avait-il de si important à Kinshasa que Félix Tshisekedi n’ait pas pu faire le déplacement alors que, très souvent, il saute directement dans un avion quand il s’agit de quitter le pays?
« Ce mercredi, le président Tshisekedi a suivi, avec peine, la cérémonie d’inhumation des victimes des attaques à la bombe perpétrées par le Rwanda et ses supplétifs du M23, le 3 mai 2024, aux camps des déplacés de Mugunga et Lushagala. Le chef de l’Etat s’associe à la nation toute entière pour rendre hommage à tous ces innocents victimes de la guerre d’agression du Rwanda : nous n’oublions jamais nos compatriotes disparus et les coupables payeront pour ces crimes de guerre », s’est limitée à écrire la présidence de la République.
Sur le terrain, la situation demeure incertaine. Les déplacés continuent de vivre la précarité et rien n’indiquent qu’ils sont maintenant à l’abri, car le M23 est toujours à quelques kms des camps.
Charles Mapinduzi
