Le chef de l’État, Félix Tshisekedi, a le regret de n’avoir pas pu redresser la justice congolaise, qui est restée l’un des maillons faibles de son quinquennat (2019- 2023).
Lors de sa dernière sortie médiatique, le président de la République a dit toute sa détermination à relever ce défi qui va consacrer et confirmer l’État de droit pour lequel Étienne Tshisekedi et l’UDPS ont longtemps lutté durant 37 ans dans l’opposition.
«La justice est malade…», a reconnu Félix Tshisekedi face à la presse nationale et internationale. Cette phrase assassine continue à résonner au sein de l’opinion, qui est partagée entre la colère et le rechignement. Après le débat, qui s’en est suivi, a obligé l’orientation et l’éclairage de notre part.
Il convient d’abord de reconnaître une communication défaillante du chef de l’État qui, une fois de plus, fuit ses responsabilités et fait porter le chapeau du bilan merdique de la justice aux seuls magistras du pays. Ce qui écœure, au-delà de tout, c’est la perplexité avec laquelle le premier des citoyens aborde ce sujet brûlant d’actualité en RDC.
Dans une conférence de presse où les questions et réponses étaient préparées, les journalistes alignés ou connus d’avance, Jean- Marie Kassamba, le dernier à se présenter devant le chef de l’État et son ministre des Médias et porte-parole du Gouvernement, est venu mettre à mal le chantre de l’État de droit avec une question relative à la justice nationale.
Sur une question aussi cruciale, il est anormal que le chef de l’État se limite à répondre que la justice est malade sans en dire plus. De quoi notre justice est-elle malade ? Qui la rend malade ? Quels sont les efforts qui ont été fournis pour guérir la justice de son mal ? Qu’est-ce qu’il compte faire à l’avenir si les efforts d’avant n’ont pas produit de résultats escomptés ?
Les deux dernières questions auraient permis au chef de l’État de montrer, sans rechigner, ses responsabilités en tant que garant du bon fonctionnement des institutions. Hélas, il s’est disculpé de tout au point de laisser croire à l’opinion qu’il est irréprochable et saint dans la conduite des affaires de l’État.
«La justice élève une Nation», dit-on. Il en est le cas au Congo- Kinshasa ? Combien de temps qu’il est au courant de l’état notre justice ? Voilà des questions qui auraient pu attirer l’attention des congolais. A la place de lever tout équivoque, Félix Tshisekedi a préféré laisser la perplexité et l’ambiguïté émerger dans l’opinion.
Après avoir analysé la posture du chef de l’État, l’on se met finalement à croire que le peuple congolais manque, à la tête de son pays, des dirigeants dignes de répondre à ses aspirations et attentes les plus légitimes.
Le président de la République réélu pour un second mandat de 5 ans a bien tort de penser que la justice congolaise est malade d’elle-même. L’état de notre justice est l’abre qui cache la forêt. En effet, le problème est bien plus complexe qu’on ne le croit. Et, la réponse se trouve dans l’agir collectif du congolais. Très mal défini, la plupart des congolais partagent en commun l’identité d’un peuple ruiné par des tares de toutes sortes et par dessus tout sacrifié … c’est toute une société qui est à l’agonie, en manque d’idéal, et à la recherche des repères et modèles qui se font toujours rares parmi nous.
Guérir la justice de son mal passe par la création d’une nouvelle société. Vouloir et promouvoir une société, où règnent anti-valeurs, détournements et immortalité, ne resorbera pas la crise identitaire dans laquelle baigne tout le pays. Quel type d’État que nous voulons ? Un État prospère, fort, puissant a mille chances de limiter son déclin ou sa descente aux enfers.
La balle est donc dans le camp de ceux [ dirigeants] qui parlent sans agir parce qu’is sont à l’image de la société. Il n’est jamais tard pour mieux faire… si on a la volonté et le tact nécessaire pour s’y prendre.
Gédéon ATIBU