Félix Tshisekedi ne dort peut-être plus ces derniers jours. Certains radicaux vont jusqu’à estimer qu’il a même perdu du poids. Pas nécessairement parce que le pays est grand à diriger mais bien également parce que la présidentielle approche et que ses pires adversaires ont décidé de lui régler des comptes de la pire des manières.
D’abord, Corneille Nanga. Lui qui a géré la CENI au temps de l’élection de Félix Tshisekedi et qui maitrise tous les rouages qui ont permis au successeur de Kabila d’accéder au trône, ne se réserve plus de dévoiler des secrets jusqu’aux plus sordides qui mettent en mal le pouvoir de Kinshasa.
Il y a peu, il a témoigné au sujet de l’existence d’un accord dont il est co-auteur et qui a permis à Fatshi d’être proclamé vainqueur de la présidentielle de décembre 2018. Personne ne peut contredire Nanga, lui qui est le mieux placé à connaître la vraie version sur les élections qu’il a présidées.
Mais, au moment où le cas Corneille Nanga n’est pas encore géré, John Numbi est sorti de sa tanière pour attiser le feu. Recherché par les autorités congolaises, le général 4 étoiles a décidé d’enfoncer le clou dans la plaie.
Déjà, avant de quitter le pays, il garantissait qu’il n’était pas un agneau. Effectivement. Ce proche de Kabila est resté jusqu’en 2021, le seul plus haut gradé de l’armée du pays : général d’armée. Il est cité dans l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Bien sûr qu’il n’est pas un agneau.
Par une vidéo publiée le weekend dernier, l’ancien inspecteur des FARDC a aussi brandi des menaces qui ne trompent pas. A son tour, John Numbi a réitéré l’existence d’un accord ayant favorisé l’accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême.
Quoi de plus normal que le chef de l’Etat perde le sommeil. Car, face à sa propre conscience, Félix Tshisekedi n’ignore pas les manoeuvres qu’il a faites pour être président de la République sans l’avoir mérité. Que des menaces viennent de ceux avec qui il a signé le document, cela ne peut que l’inquiéter et lui arracher tout son sommeil. Surtout qu’il s’agit de la veille des élections.
Et, John Numbi ne s’arrête pas au simple rappel. Le général menace directement le chef de l’Etat. Il le met en garde et promet que si celui-ci ne se retirait pas du processus ou s’il ne changait pas les règles de jeu, le pouvoir lui sera arraché par ceux qui le lui avaient donné.
A ce stade, le président semble doublement menacé. D’abord par l’accord qui risque d’être brandi par ceux qui l’avaient signé ; ensuite, par les mécontents qu’il a créés et qui risquent de lui causer un coup fatal. Surtout, avec les coups d’Etat qui se succèdent en Afrique, il y a lieu que Félix Tshisekedi prenne au sérieux les menaces de John Numbi qui se vante de ne pas être un agneau.
Charles Mapinduzi