Comme point n’est besoin de le rappeler, entre Félix Tshisekedi et Fridolin Ambongo, la guerre n’était plus larvée. Elle était déjà ouverte et prenait inexorablement un rythme irréversible.
Ni l’un, ni l’autre, personne ne ratait l’occasion de s’en prendre à l’autre. À l’instar de ses prédécesseurs, le cardinal de Kinshasa était vent debout contre les dérives du pouvoir, la mauvaise gouvernance et les conditions difficiles dans lesquelles les Congolais sont plongés.
Puis, il y a peu, il s’est attaqué à la politique sécuritaire de Kinshasa, allant jusqu’à dénoncer le fait que le gouvernement congolais avait décidé de se rapprocher des groupes armés dits Wazalendo qu’il arme et appuie dans sa guerre contre le M23.
Et, c’est là où le bas a blessé. Les dirigeants congolaises s’en sont alors pris vertement au pasteur catholique, estimant qu’il jouait le jeu de l’ennemi et qu’il encourageait les Congolais à se rebeller contre le pays en rejoignant le M23, notamment.
Des Tshisekedistes se sont alors montrés impitoyables vis-à-vis de l’archevêque de Kinshasa. Dans les réseaux sociaux, les critiquent qui ont visé le cardinal étaient parfois sans réserve ni limite. Et, Kinshasa ne s’est pas limité là.
Dans un document du procureur, le pays a été mis au courant qu’une information judiciaire contre Fridolin Ambongo venait d’être lancée pour ses propos, même si jusqu’ici, rien de plus concluant n’a encore été signalé contre le prélat.
Dans ce contexte de méfiance entre la Cité de l’UA et l’archevêché de Kinshasa, le cardinal a été reçu par Félix Tshisekedi ce jeudi 16 mai 2024.
A en croire la présidence de la République, en présence du chargé d’affaires de la Nonciature, Mgr Andry Yevchuk, les 2 hommes ont eu une discussion de presque 2h.
« J’avais souhaité rencontrer le président de la République pour faire la lumière sur différents points. C’est avec un sentiment de grande satisfaction et de gratitude vis-à-vis du chef de l’Etat que je sors de ce bureau », a dit l’archevêque avant de poursuivre :
« Il y a eu plus de malentendu que de vrai problème. Le souci du président est le bien du peuple. Il s’implique corps et âme pour que ce pays retrouve sa sérénité et sa respectabilité sur la scène internationale. Notre souci est aussi le bien de ce même peuple ».
Fridolin Ambongo a par ailleurs affirmé qu’il était disposé à travailler, main dans la main, avec les autorités, pour l’intérêt des Congolais, dans ce contexte d’agression.
« Nous sommes condamnés à travailler ensemble, main dans la main pour le bien-être de notre pays qui est aujourd’hui en péril à cause de la voracité des pays voisins que nous connaissons », dit-il.
Charles Mapinduzi
