Judith Suminwa Tuluka est attendu au tournant. Ce mardi, comme annoncé, elle doit se retrouver devant la représentation nationale pour égrainer le gros de son programme de gouvernance.
Même si elle a déjà annoncé les couleurs, en mentionnant que le budget au cours de 5 prochaines années sera de plus de 18 milliards de dollars l’an, la tâche est loin d’être facile pour la ministre sortante du Plan.
Elle prend les rênes d’un gouvernement mis en place dans un contexte particulier marqué par des dossiers brûlants. Sur le plan sécuritaire, par exemple, l’est est à feu et à sang. L’actualité est particulièrement marquée par le massacre odieux d’au moins 93 civils dans une attaque ADF à Baswaha-Madiwe le 7 juin, un bilan qui atteint au moins 173 morts depuis mai dernier.
Un peu plus au sud, il y a le M23 qui demeure menaçant et qui n’arrête de gagner du terrain au détriment de l’armée congolaise. Les territoires de Masisi et Rutshuru sont entièrement déjà conquis par la rébellion, une partie du territoire de Nyiragongo est également entre ses mains alors que celui de Lubero est sous sa menace.
Par ailleurs, dans l’Ituri, d’autres milices locales sont cruelles. La CODECO est responsable des cruautés indescriptibles dont des tueries des déplacés de guerre, des incendies des villages, des pillages systématiques, etc.
Sur un autre chapitre, l’Economie nationale est à lambeaux. Les prix des produits de première nécessité n’arrêtent de grimper à flèche. La dépréciation de la monnaie nationale face au dollar américain va crescendo. La vie est devenue de plus en plus chère et intenable.
Au sujet des infrastructures, du transport aérien et terrestre, de l’eau, l’électricité, le débat est entier. Les routes, les hôpitaux et les écoles restent à désigner, des parties entières sont coupées de grandes agglomérations urbaines, etc. En ce qui est du transport, l’aviation nationale Congo Airways a presque disparu, car n’ayant plus d’avions. Pendant ce temps, l’eau et l’électricité sont restées sur les lèvres des dirigeants.
Judith Suminwa Tuluka doit ainsi dire à l’opinion, avec des éléments probants, comment elle espère résoudre ces fléaux qui s’abattent sur le pays.
D’ores et déjà, à en croire le rapporteur de l’Assemblée nationale, les députés ont affûté leurs armes pour écouter la nouvelle cheffe du gouvernement et émettre des avis et critiques.
« Il y aura présentation du programme d’actions du gouvernement. Il y aura (aussi) débat qui pourra terminer par l’adoption d’une motion d’approbation de ce programme. Il y aussi la possibilité de solliciter un report, mais elle peut répondre sur le banc. Tout dépend du débat. Ce qui est sûr, l’ensemble des groupes parlementaires, de l’Opposition, des non-inscrits vont donner leur lecture de ce programme », a dit Jacques Ndjoli.
Jusqu’ici, la successeure de Sama Lukonde a indiqué que son programme était axé sur 5 points majeurs : la création de plus d’emplois en accélérant la promotion de l’entrepreneuriat ; la protection du pouvoir d’achat des ménages en stabilisant le niveau de l’inflation et en maîtrisant le taux de change. L’assurance avec beaucoup d’efficacité, de la sécurité des populations, des territoires et des biens et la préservation des intérêts congolais, au moyen d’une restructuration profonde de l’appareil de sécurité et par la poursuite du renforcement de la diplomatie, etc.
Mais, tout ceci n’est que théorie qu’elle doit différencier d’autres théories similaires développées par ses prédécesseurs. Lors de son grand oral de ce mardi, elle doit donc convaincre. Contrairement, sans des éléments persuasifs, Judith Suminwa Tuluka risque de passer une nuit blanche après avoir été secouée par les élus lors sa présentation de ce mardi.
Charles Mapinduzi