La coalition au pouvoir en RDC est au bord du précipice. La crise qui s’y est installée au lendemain de la publication du nouveau gouvernement a atteint un point de non retour. Inéluctablement, l’Union sacrée déjà fissurée aura du mal à survivre dans sa configuration actuelle.
En effet, des sociétaires réunis autour de Félix Tshisekedi n’en reviennent pas. Eux qui espéraient être récompensés à la hauteur de leurs sueurs sont ébahis par le partage du gâteau qui n’a pas reconnu leurs poids politiques.
De Jean-Pierre Bemba à Antipas Mbusa Nyamwisi en passant par Bahati Lukwebo, Gentiny Ngobila, etc., la grogne est profonde. Des cadres de la coalition au pouvoir dénoncent une ingratitude de Félix Tshisekedi qui a tout donné à son parti UDPS. Sans se cacher, ils semblent prêts à en découdre avec leur autorité suprême.
Face à la crise, Félix Tshisekedi ne sait plus à quel saint se vouer. Déjà, incapable de s’imposer, il a passé de nombreux mois dans des tractations politiques pour sortir le nouveau gouvernement. Parce que, apprenait-on d’une source à la présidence, « les cadres de l’Union sacrée bloquaient ».
Ces jours, l’affaire semble beaucoup trop brûlante. Car, les frustrations ne se cachent plus. Pour cette fois, les aigris veulent aller trop loin en exigeant même que les injustices dont ils ont été victimes puissent être corrigées.
Pour tenter de calmer le jeu, le vendredi dernier, le chef de l’Etat congolais a mandaté Augustin Kabuya pour qu’il convoque urgemment une réunion de crise, question de contenir les émotions et d’apaiser les esprits. Mais, là encore, l’essaim d’abeilles surexcitées n’a pas pu être maîtrisé par le secrétaire général de l’UDPS.
Non seulement Bahati Lukwebo a décidé de boycotter la rencontre alors qu’il est membre du présidium mais aussi les autres responsables des partis et regroupements politiques ne se sont pas accordés sur le format de l’équipe gouvernementale. La séance a alors pris fin en queue de poisson, les participants ayant exigé que le butin de guerre soit équitablement partagé, tenant compte du poids politique de chacun.
Que va donc faire Félix Tshisekedi ? C’est là la question ? Va-t-il choisir de foncer en maintenant le gouvernement tel quel au risque de voir sa famille politique s’écrouler ou décidera-t-il de réviser la composition de l’équipe pour satisfaire les appétits ? Énigme. Sans aucun doute, le président congolais ne sait s’il faut prendre à gauche, à droite ou rester là jusqu’au soir.
Surtout qu’à ce stade où il fait face à une agression du M23 qu’il ne sait pas arrêter, Félix Tshisekedi ne se permettrait pas de créer de nouvelles tensions à l’interne, tensions qui risqueraient de lui être fatales. Mais, en attendant, sa coalition est en crise et son avenir est donc mis en jeu.
Depuis le début, nombre d’observateurs étaient d’avis que l’Union sacrée était érigé sur du sable et qu’elle s’écroulerait au premier vent. Cette sortie du gouvernement est donc le test qui a tout démontré. L’on craint que certains qui n’ont pas été invités à la table décidé de se rallier aux maquisards du M23 pour combattre le régime Tshisekedi auquel ils ont appartenu.
Charles Mapinduzi