La République démocratique du Congo est à la croisée des chemins. La dictature combattue dans la sueur et dans le sang par des Congolais épris de changement depuis Mobutu et dont Félix Tshisekedi a été le plus grand bénéficiaire en janvier 2019, refait surface par la démocratie.
De ces jours, la séparation des pouvoirs n’est qu’un leurre au Congo. Tout tourne autour du chef de l’Etat qui dicte la marche à suivre aussi bien à la justice, au Parlement et au gouvernement. Rien n’est finalement plus à l’abri de l’omniprésence du dirigeant congolais qui se place au dessus de la mêlée.
Il y a peu, on l’a vu intervenir dans des dossiers judiciaires, de sorte que des prisonniers emblématiques ont aussitôt été libérés. Allusion faite notamment à Vital Kamerhe et Stanis Bujakera dont les demandes de liberté provisoire avaient plusieurs fois déjà été rejetées mais qui ont été relaxés après des propos compatissants du président de la République à leur égard.
L’actualité qui reste marquante aujourd’hui est celle relative à la constitution du bureau définitif de l’Assemblée nationale que la guéguerre au sein de l’Union sacrée a retardé. Les députés nationaux et le présidium de la coalition se sont tiraillés, se lançant même des paroles indignes d’acteurs politiques.
Mais, en dépit de cette tension, l’élection du bureau définitif programmé pour ce samedi 18 mai restait maintenue jusqu’à ce que 406 élus du peuple aient été reçus par Félix Tshisekedi à Kinshasa le vendredi dernier. À l’issue de l’échange, le scrutin a alors été reporté et le pouvoir législatif s’est plié aux 4 volontés du président congolais alors que le Parlement est une institution qui devrait décider en toute indépendance.
« Aujourd’hui, Félix Tshisekedi représente tout. Il est le peuple, il est le président, il est le député des députés, il est tout. Il a le pays dans sa poche. Un vrai roi soleil. Désormais, c’est lui qui décide quand une élection à l’Assemblée nationale aura lieu. S’il veut que cela soit l’année prochaine, les députés qui sont supposés être là pour contrôler l’exécutif plongent direct au cri de Fatshi béton. Un recul de plus de 10 ans pour mon pays. J’ai pitié pour ma nation », commente un internaute.
De ces jours, l’Etat est suspendu sur la volonté du chef de l’Etat. En dépit d’urgences sur le plan sécuritaire dans l’Est, sur le plan économique et développemental, rien ne bouge. Seul Félix Tshisekedi sait exactement quand l’équipe gouvernementale sera mise en place, 5 mois après sa réélection. Là encore, le pays est suspendu sur la décision du président.
Sur un autre chapitre, la démocratie est malmenée. Les citoyens qui osent s’opposer à la gouvernance du régime sont directement visés, arrêtés et jetés au cachot. Et, comme certains internautes l’avancent, « en RDC, qui veut vivre 100 ans, au cri de Fatshi béton se courbe ».
L’exemple le plus récent est celui de l’arrestation de l’activiste Gloria Sengha qui a appelé à riposter contre la misère à laquelle font face les Congolais
« Quelques jours après avoir lancé une campagne sur l’éveil de conscience de la population congolaise sous le titre « tolembi pasi » (on n’en a marre avec la misère), l’activiste Sengha vient d’être enlevé par les éléments non autrement identifiés. Nous exigeons sa libération sans condition et immédiate », alertent ses proches.
Ce rythme prend de plus en plus de la place au Congo. Pour la plupart, pas à pas, le pays s’enfonce vers l’instauration de la pensée unique comme ce fut le cas sous le maréchal Mobutu.
Charles Mapinduzi
