Ce mardi 11 juin est prévu pour l’investiture du nouveau gouvernement en République démocratique du Congo. Mais, avant, des remous ont éclaté du fait du partage inéquitable des postes au sein de la coalition au pouvoir de sorte que des députés Tshisekedistes ont même menacé, de façon non équivoque, de bloquer l’installation de l’équipe Judith Suminwa.
Face à la menace qui ne semblait tromper personne, Vital Kamerhe s’est mis à l’œuvre. Des rencontres se sont multipliés, des assurances ont été formulées et des promesses faites. Aujourd’hui, plus aucun murmure ne retentit et la voie semble totalement balisée pour que la successeure de Sama Lukonde prenne possession de la primature.
Comment en est-on arrivé là ? De l’argent a encore circulé. Des fonds ont été décaissés du trésor public pour convaincre les élus à accepter l’investiture de la nouvelle équipe. C’est ce que rapportent de nombreuses indiscrétions au sein de l’Assemblée nationale.
Le Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL) en a également fait écho. Dans son communiqué, le centre de recherche parle de 30 mille dollars américains mis en jeu pour acheter le vote de chaque élu, essentiellement de l’Union sacrée.
« Selon les entretiens effectués avec 20% des députés nationaux et assistants parlementaires, il s’avère que chaque député aurait touché 30 mille dollars américains pour participer au vote de confiance du nouveau gouvernement qui aura lieu ce mardi 11 juin. Ce sont près de 14 millions de dollars décaissés par l’Etat pour motiver les députés nationaux. Un montant qui n’est pas retracé dans la Loi des finances, exercice 2024 », indique le communiqué.
Pour CREFDL, « ce montant décaissé unilatéralement pourrait financer la construction d’au moins 10 laboratoires médicaux modernes dans 10 provinces s’il l’on tient compte du pilier 4 du programme d’actions du nouveau gouvernement ».
« CREFDL rappelle que ces pratiques de corruption ne peuvent en aucun cas renforcer le contrôle de l’action du gouvernement. Au contraire, l’Assemblée nationale se fragilise davantage et ne saurait jouer pleinement son rôle », dit CREFDL qui appelle la justice à se saisir du dossier.
A la mort de la coalition FCC-CACH en décembre 2020, Joseph Kabila prévenait déjà que les députés achetés pour constituer l’Union sacrée allaient coûter trop cher à la République. Car, pour les maintenir, Félix Tshisekedi aurait besoin de débloquer constamment des millions de dollars qui devraient pourtant servir à beaucoup de choses dans le pays.
Aujourd’hui, les Congolais se rendent peut-être compte des faits. Au moment où les déplacés de guerre crèvent de faim et que les victimes des massacres terroristes manquent des cercueils pour leur enterrement, l’Union sacrée a choisi de dilapider près de 14 millions de dollars pour des raisons égoïstes.
Charles Mapinduzi