Des interrogations de plus en plus persistantes et peut-être même légitimes surgissent au sein de l’opinion publique congolaise au sujet de l’affaire Bukanga-Lonzo qui a déjà fait couler encre et salive.
Si, avant la présidentielle de décembre 2023, après avoir refusé de rejoindre l’Union sacrée de Félix Tshisekedi, Matata Ponyo était constamment tenu au coup dans ce dossier, ces jours, la justice temporise et ne semble plus pressée à clouer au pilori l’homme à la cravate rouge.
Qu’est-ce qui explique donc ce revirement de la Cour constitutionnelle alors qu’il y a peu, elle était tout feu tout flamme dans sa démarche de vouloir s’offrir la tête de l’ex-premier ministre? C’est toute la question.
Avant les élections, le procès avait été reporté en mars 2024. Sur le plan politique, des caciques du pouvoir avaient justifié la décision par le fait que le régime, disaient-ils alors, était démocratique et avait les intentions de décrisper l’espace politique afin que tous les adversaires prennent part aux scrutins.
Par la suite, le même procès a été reprogrammé, repoussé au 18 avril. Puis, finalement, il vient d’être relégué au 22 juillet prochain. Pour ce énième report, le président de la Cour constitutionnelle, dans son document, avance que cela est lié au fait que la Haute Cour est trop occupée par les contentieux électoraux.
« Vu la charge incombant à la Cour constitutionnelle appelée à examiner le contentieux des candidatures et des résultats aux élections sénatoriales qui requièrent célérité avec un délai contraignant, faits constitutifs d’un cas de force majeure, ordonnons le renvoi de la cause inscrite sous RP 0002 prévue initialement le 18 avril 2024, à l’audience publique du lundi 22 juillet 2024 », lit-on dans le document parvenu à Partisan-rdc.net.
Même si l’argument de Dieudonné Kamuleta tient debout, les Congolais se questionnent sur ce énième report. Certains soupçonnent l’ex-premier ministre de s’être déjà rapproché du pouvoir en abandonnant sa lutte au sein de l’opposition.
Ils en veulent pour preuve le fait qu’Augustin Kabuya, informateur désigné par Félix Tshisekedi en prélude de la sortie du gouvernement, avait également consulté Matata Ponyo, un opposant qui a soutenu Moïse Katumbi à la présidentielle.
Ce qui, dans les faits, laisse entrevoir que le président du LGD a peut-être déjà mordu à l’hameçon de sorte que ses dossiers judiciaires sont aujourd’hui gelés par le pouvoir en place. Dans un premier temps, on soupçonnait déjà que Matata Ponyo devienne le premier ministre de Félix Tshisekedi pour ce second quinquennat. D’autre part, on pense que celui-ci pourrait être nommé ministre des finances, etc.
Peut-on donc dire que tous ces faits observés sont juste une simple coïncidence ou Matata Ponyo a peut-être finalement décidé de rejoindre Tshisekedi pour qu’en contrepartie, ses ennuis judiciaires s’arrêtent net? Car, par le passé, la plupart de ceux qui étaient poursuivis par la justice ont vu les charges qui pesaient sur eux être abandonnées quand ils ont accepté d’intégrer l’Union sacrée.
Charles Mapinduzi