La machine à tuer est toujours en œuvre dans l’est de la République démocratique du Congo. Les ADF, cette nébuleuse qui est en tête de la cruauté au Nord-Kivu et dans une partie de l’Ituri, n’a pas arrêté de faire des victimes depuis octobre 2014. Des acteurs des forces vivent dressent un bilan de plus de 15 mille Congolais tués, sans citer d’inombrables dégâts matériels.
Puis, dans ce contexte particulièrement délicat, le M23 a refait surface au Nord-Kivu. Ici, il est responsable de nombreuses atrocités dans les territoires de Rutshuru, Masisi et une partie du Nyirangongo qu’ils contrôlent depuis de nombreux mois.
Avant l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir, toutes ces atrocités étaient attribués à tord ou à raison à Joseph Kabila. Hormis Julien Paluku qui était alors au sein du pouvoir, Antipas Mbusa Nyamwisi (actuel ministre de l’Intégration régionale) ou encore Nzangi Butondo de l’ESU, avait fait de cette matière un fonds de commerce politique.
Entre 2014 et 2018, ils ont fait comprendre à qui voulait les écouter que c’est l’ex-président qui tuait les Congolais et que son départ de la tête du pays était le seul salut pour que les ressortissants de l’Est revivent la paix.
Grâce à ce discours qui s’est révélé plus tard comme populiste et intoxicateur, ces leaders ont monté l’ex-chef d’Etat contre la population, de sorte que, jusqu’à ces jours, bien que parti du pouvoir, Kabila est toujours considéré comme responsable de l’insécurité dans plusieurs entités du pays.
Puis, à l’avènement de Félix Tshisekedi, comme le soutiennent nombre d’observateurs, tout a presque été tiré au clair : le combat mené par Mbusa Nyamwisi, Nzangi Butondo et les autres n’était que synonyme de ces acteurs qui avaient faim et qui tenaient à se rassurer qu’en créant une machine à intox, ils se tailleraient des postes au gouvernement afin de servir leur vendre.
Car, alors que les massacres entretenus par les ADF ont quasiment triplé au Nord-Kivu et dans l’Ituri et que la situation a davantage empiré depuis l’arrivée de Tshisekedi, ces membres du gouvernement, y compris tous ceux qui les entourent, ne pipent plus aucun mot sur la question. Ce n’est plus leur affaire. Les morts de l’Est peuvent s’enterrer, là, n’est plus leur problème. Leur combat acharné mené sous Kabila est désormais fini, tout va désormais bien avec Félix Tshisekedi.
Mais, comment en est-on arrivé là ? En effet, le président congolais a réussi à acheter les principaux leaders politiques (Nyamwisi, Julien Paluku, Nzangi Butondo ou encore les autres) en leur donnant des postes ministériels. Puis, il a acheté d’autres leaders d’opinion en leur octroyant des postes au sein des entreprises publiques.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en dépit du programme qui aurait été présenté par Moïse Katumbi lors de la campagne électorale dans la contrée, tout était déjà bouclé et quadrillé. L’ex-gouverneur, peut-être même en dépit de sa bonne foi, n’aurait pas réussi à être le plus offrant pour gagner les grands acteurs politiques du Nord-Kivu en sa cause. Ces derniers étaient et sont déjà bien gâtés par le régime.
Ainsi, depuis qu’ils siègent à la table des décideurs, tout discours tendant à brandir l’incapacité du gouvernement Tshisekedi de restaurer la paix les met mal à l’aise et menace leurs intérêts. D’ailleurs, au cours de la dernière campagne, en dépit des massacres en grande échelle dans la contrée, les leaders susmentionnés ont vanté la bravoure de Tshisekedi, question de s’assurer qu’en marge du prochain gouvernement, ils ne soient pas oubliés.
Pour des postes au gouvernement, les leaders politiques du Nord-Kivu ont opté pour faire des massacres et de l’insécurité, le cadet de leur souci. Et, Tshisekedi a bien réussi le coup. Car, après Kinshasa, le Nord-Kivu est le 2e électorat le plus important de la République.
Par la Rédaction