Judith Suminwa est à ses premiers jours depuis qu’elle a été nommée première ministre du nouveau quinquennat de Félix Tshisekedi. Mais, se dit-on, déjà à la croisée des chemins, comme dans la mythique récitation « Les 2 chemins », la successeure de Sama Lukonde ne manquerait pas du scrupule à se demander : faut-il prendre à gauche, à droite ou rester là jusqu’à soir?
Dans ce microcosme congolais plein de caïmans politiques, la tâche est bien loin d’être facile. Le travail est beaucoup plus compliqué pour l’ex-ministre d’Etat au Plan au regard du contexte qui est celui de la République démocratique du Congo aujourd’hui.
D’une part, il y a les appétits des acteurs politiques engagés au sein de l’Union sacrée. Avec plus de 400 députés à son compte, la famille politique de Félix Tshisekedi est pleine d’ambitieux. Chacun veut être servi. Ceux qui sortent de l’équipe Sama Lukonde demandent à être maintenus et reconduis alors que de nouvelles figures espèrent finalement être à la table d’honneur.
Les autorités morales des partis politiques, pour leur part, tiennent à s’offrir le plus de gâteau et travaillent pour tirer la couverture de leur côté. Et, à ce stade, nombreux craignent que si les ambitions ne sont pas bien gérées par la Première ministre, des Tshisekedistes décident de rejoindre la rébellion dans l’Est ou encore s’engagent dans d’autres mouvements subversifs. La tâche est ainsi difficile pour Judith Suminwa Tuluka.
D’autre part, il y a la pesanteur au sein même du parti au pouvoir. L’UDPS qui sait que c’est elle qui tient le rênes du pays voudrait naturellement tout accaparer. Surtout, avec son esprit non coopérant qu’on lui reconnaît, les doutes sont justifiés. A ce stade également, il s’agit d’une vraie mer à boire pour la cheffe du gouvernement.
Certains sont anciens au sein du parti, plus anciens même que la successeure de Lukonde. Ils pensent avoir tout donné à l’UDPS et méritent d’être récompensés. D’autres ont peut-être des rapprochements directs avec le président de la République avec qui ils ont évolué aussi bien au pays qu’en Belgique. Ils se sentent plus puissants que Judith Suminwa et attendent obtenir leur part du gâteau. D’autres encore sont de la famille biologique du chef de l’Etat et ont peut-être même déjà eu des garanties auprès de maman Marthe Kasalu Tshisekedi.
Tous ces éléments réunis présagent que Judith Suminwa Tuluka est assise sur une pierre chaude. Satisfaire toute ses attentes, c’est cela le dilemme. Son action pour former le gouvernement pourrait sans aucun doute engendrer des aigris dans la classe politique constellée au sein de l’Union sacrée. Et, c’est peut-être même là que la famille politique de Félix Tshisekedi pourrait vivre de terribles dissensions.
En attendant, la cheffe du gouvernement a demandé aux responsables politiques de déposer les listes de leurs ministrables. Mais, il n’y a point de doute que ce retard observé pour la sortie du gouvernement est liée à la gestion des ambitions au sein de l’Union sacrée.
Charles Mapinduzi
