Jean-Pierre Bemba est à la tête du ministère de la Défense depuis bientôt un an. En mars 2023, quand les Congolais ont appris sa nomination par Félix Tshisekedi, ils ont aussitôt espéré le retour de la paix dans l’Est au regard du passé de cet ancien chef de guerre très habitué aux armes.
Cependant, près d’une année après, le passage de l’autorité morale du MLC à la tête de ce ministère est sujet à des polémiques. L’ex-vice-président est devenu méconnaissable et sa nomination semble n’avoir bougé aucun iota pour ce qui est de la situation instable dans la partie orientale du pays.
Le vendredi 9 février dernier, il a atterri en ville de Goma. Une visite à point nommé, car elle a coïncidé avec de rudes affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23. L’annonce de son arrivée a laissé entrevoir une lueur d’espoir.
Cependant, quelque 5h seulement ont suffi pour le ministre qui, pourtant, annonçait une visite de réconfort aux soldats engagés au front et une compassion aux victimes de la guerre imposée par le Rwanda.
Au lieu d’être en fond avec les FARDC sur le front pour leur remonter le moral, Jean-Pierre Bemba a fait une descente éclaire dans certaines positions militaires dans le territoire de Nyirangongo avant de s’envoler pour Kinshasa.
Ainsi, en seulement 5h, le ministre congolais a présidé une réunion à l’intention des commandants des grandes unités élargies aux responsables de la MONUSCO, du mécanisme conjoint de vérification élargie et ad hoc ainsi que ceux de la force régionale de l’EAC.
Puis, il a échangé avec les confessions religieuses, y compris des acteurs de la société. Par la suite, Jean-Pierre Bemba s’est rendu dans le groupement Buhumba, à Mupango dans le Masisi puis a repris son vol pour Kinshasa.
Un très bref séjour qui n’aurait permis de palper réellement du doigt la situation ? D’ailleurs, ces quelques heures seulement passées au Nord-Kivu par ce membre du gouvernement font parler l’opinion. Si les uns considèrent la visite du ministre comme une promenade de santé, d’autres soutiennent que Jean-Pierre Bemba a peur de passer même une seule nuit dans la zone en guerre. D’autres encore avancent que la visite du vice-premier ministre était une perte de temps, car elle n’aura permis ni a encourager les militaires ni à réconforter les populations victimes.
Le ministre a-t-il peur d’être au côté de ses soldats ou de rester dans la zone pour se rassurer que tout est suivi de très près ? Mystère. Toutefois, il faut mentionner que celui-ci a de nouveau réitéré que tout avait déjà été mis en œuvre pour que les localités sous contrôle du M23 soient reconquises.
Charles Mapinduzi