L’agitation semble grande à Kigali. Le déploiement en cours des troupes de la SADC en République démocratique du Congo et le soutien annoncé de la MONUSCO semblent déjouer les calculs des autorités rwandaises dans leur démarche de vouloir décapiter le Nord-Kivu via le M23.
Alors que les chefs d’Etats sont en Addis-Abeba (Ethiopie) où s’est d’ailleurs tenu un mini-sommet sur la question dans l’est de la RDC, le ministre rwandais des Affaires étrangères a sorti un communiqué dans lequel le Rwanda grogne, hurle, se plaint, acquiesce et menace.
Mais, dans la rhétorique développée à travers le document, Kigali passe aux aveux en portant la cause du M23 qu’il a toujours nié d’être une fabrication du Rwanda puis reconnaît implicitement son intention à détruire les engins aériens congolais qui interviennent dans la guerre contre la rébellion.
Dans un premier temps, en portant la voix du M23, il dit être « profondément préoccupé par l’abandon des processus de Luanda et de Nairobi par le gouvernement de la RDC« . Pourtant, le Rwanda qui a toujours nié son parrainage de la rébellion ne devrait nullement être inquiété par l’existence ou non des pourparlers entre la partie congolaise et le M23.
En se disant préoccupé, Kigali, tient exactement le langage qu’a toujours tenu ce groupe armé. Pour un observateur averti, la cause portée par le M23 est celle défendue par le Rwanda dans son communiqué alors que les autorités rwandaises ont toujours affirmé n’être pas impliquées dans le conflit.
« La RDC a lancé des opérations de combat massives au Nord-Kivu, en violation des décisions des mécanismes régionaux et vise clairement à expulser les civils du M23 et des Tutsi congolais vers les pays voisins. Les récentes avancées du M23 sont dues à la décision de la RDC d’expulser la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est en décembre 2023, qui a supervisé les efforts de cessez-le-feu et de retrait« , explique Kigali à travers ces mots qui défendent clairement le M23.
Puis, dans la foulée, le régime rwandais a sous-entendu être à l’origine de l’attaque au drone contre l’aéroport de Goma le weekend dernier. Il mentionne les avions de chasse congolais ainsi que les drones chinois CH-4 que Kinshasa a achetés.
« Le Rwanda prend Félix Tshisekedi au mot et a ajusté sa posture en conséquence. Cela comprend des mesures visant à assurer une défense aérienne complète du territoire rwandais et à dégrader les capacités aériennes offensives, suite à l’introduction de drones d’attaques chinois CH-4 avancés par la RDC et aux violations répétées de l’espace aérien rwandais par des avions de combat congolais« , poursuit-il.
En même temps, Kigali a menacé puis s’en est pris aux USA qui a récemment dénoncé le soutien du Rwanda au M23.
A lire le communiqué du gouvernement rwandais, il ressort qu’il se prépare à nuire contre la République démocratique du Congo, soit directement, soit à travers le M23.
Charles Mapinduzi
