Peu avant la dernière élection, Félix Tshisekedi tranchait qu’il ne se reparlerait avec Paul Kagame qu’au ciel. Celui-ci accuse toujours son homologue rwandais d’être le patron du groupe armé qui déstabilise son pays via le Nord-Kivu. Mais, plaisantait-il ou était-il droit dans ses bottes en sortant une telle déclaration? La question demeure entière.
Toutefois, certains Congolais ont jugé populistes les propos du président. Pas seulement populistes mais aussi électoralistes pour tenter de décrocher l’électorat auprès de ces Congolais qui croient en la seule parole.
Cependant, les élections passées, les grands enjeux reviennent sur la table. On ne peut se permettre d’ignorer le M23 qui, depuis avril, juin 2022, contrôle toujours d’importants pans du territoire congolais.
Jusqu’ici, les armes n’ont pas eu raison de la rébellion. Les militaires congolais qui sont engagés sur le terrain, y compris les Wazalendo, n’ont pas pu reprendre les territoires conquis, en dépit de quelques efforts consentis.
Dans ce cas, que devient donc le Nord-Kivu ? Va-t-on éternellement laisser le M23 se comporter en conquérant légitime ou doit-on trouver des solutions à tout prix?
Les USA ont relancé le débat sur le sujet. Si Kinshasa semble avoir normalisé les choses, donnant l’impression de ne pas être pressé à rétablir l’autorité de l’Etat dans la contrée malgré les cris d’alarme des Congolais qui y vivent, Washington veut voir le gouvernement congolais résoudre la crise.
Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain a téléphoné à Félix Tshisekedi le lundi 22 janvier dernier. Il l’a d’abord félicité pour sa réélection pour un second mandat mais lui a également rappelé l’affaire de l’est, cette crise sécuritaire qui laisse les populations dans une situation plutôt inédite.
Selon un communiqué du département d’Etat américain, les 2 personnalités ont convenu de la nécessité de trouver une solution diplomatique pour mettre fin à cette crise sécuritaire et ainsi imposer la paix et la stabilité dans la région.
Tshisekedi qui entend parler à Kagame seulement au ciel va-t-il se plier à la demande de Washington qui, il y a peu, a déclaré que les USA s’engageaient à améliorer les relations entre le Rwanda et la RDC? Mystère.
Toutefois, il faut des solutions à la situation. Les populations de Rutshuru et Masisi qui demeurent sous le joug de ce groupe armé sont impatients de revoir l’Etat congolais dans leur contrée. Aussi, plusieurs zones du Nord-Kivu restent enclavées suite à ce conflit et les populations ne savent plus à quel saint se vouer.
Si, au lieu de ne rien faire là où les armes ont échoué, Kinshasa décidait de négocier pour reprendre du contrôle, ça serait mieux. Surtout qu’au regard de l’expérience vécue dans le monde, négocier n’est jamais nécessaire un signe de faiblesse, encore que, comme le disent plusieurs experts, toutes les guerres finissent sur une table.
Charles Mapinduzi