Les autorités de Kinshasa minimisent-elles la guerre contre les ADF? En tout cas, c’est le moins qu’on puisse dire. Alors que ces rebelles sont considérés comme les plus cruels que la République démocratique du Congo ait connus ces dernières années, les dirigeants congolais ne sont jamais chauds pour attaquer frontalement la question.
Par contre, face aux menaces d’autres groupes armés dont le M23 au Nord-Kivu, les CODECO dans l’Ituri, l’opinion est alertée et les choses sont prises au sérieux. Pourtant, les ADF sont aujourd’hui comptables de plus d’atrocités que nombreuses milices réunies.
Cette région de Beni et une partie de l’Ituri où est active cette rébellion d’origine ougandaise sont-elles sciemment délaissées par le gouvernement congolais ? Nombreux analystes épousent de plus en plus cette lecture.
Et, ils en veulent pour preuve l’indifférence de certains hauts responsables étatiques chargés de travailler sur le retour de la paix au pays. Allusion principalement faite à Jean-Pierre Bemba, nouvellement nommé dans l’équipe Sama Lukonde 2.
On le rappelera, l’arrivée de Jean-Pierre Bemba à la tête du ministère de la défense était tombée dans de bonnes oreilles de la plupart des ressortissants des contrées en proie aux conflits armés. Ancien chef de guerre, ex-vice-président de la République, Jean-Pierre Bemba était porteur d’espoirs.
Cependant, 4 mois après, le président du MLC semble méconnaissable. Au Nord-Kivu par exemple, des Congolais constatent que le vice-premier ministre, ministre de la défense est arrivé sur place en 2 reprises mais son agenda n’a jamais prévu de se rendre à Beni, une région qu’il maîtrise parfaitement pour y avoir entretenue sa rébellion.
Pourquoi en tant que ministre de la défense, celui-ci n’ose-t-il donc pas fouler ses pieds dans cette zone très insécurisée où sont menées des opérations militaires contre la rébellion la plus cruelle du pays? Cela est-il lié au fait que Kinshasa minimise la question ou que des Congolais de la contrée sont voués à l’extermination ? Ou plutôt, craint-il de s’y rendre? Voilà autant de questions tout à fait légitimes auxquelles seul Jean-Pierre Bemba a des réponses
Gabriel Musafiri