Le Nord-Kivu, dans sa région de Beni et Lubero ainsi que l’Ituri, sont à feu et à flamme, suite à l’activisme des terroristes ADF considérés comme les principaux mangeurs d’hommes dans la contrée.
Entre le 3 et le 12 juin dernier, ces assaillants ont achevé au moins 215 civils dans des attaques des localités à Beni et Lubero. Des maisons ont aussi été brûlées ou pillées, des personnes enlevées. Cependant, depuis, un silence pèse, aussi bien à Kinshasa qu’au sein des instances internationales.
Face à cette attitude quasiment indifférente, maître Djimmy Peruzi refuse de garder le silence. Dans un message à la presse, ce cadre de l’UNC a lancé un appel pathétique et pressant « à la fin de l’omerta sur les massacres du peuple Nande à Beni, Lubero et Ituri et la chute programmée aux mains du M23 de Kanyabayonga après Rutshuru, Masisi et Nyiragongo ».
« Qui s’intéresse à la cause du peuple Nande, victime d’une stratégie d’extermination savamment planifiée et en cours d’exécution », s’est-il interrogé.
Son message est clair et limpide. Il condamne le silence du gouvernement congolais, il s’en prend à la Communauté internationale puis formule des propositions pour mettre fin à la tragédie dans la région. Voici donc ce qu’il en dit :
Aujourd’hui 18 juin 2024, à l’initiative du Kyaghanda Yira, «Obughuma Bwa Ba Yira» ASBL, association représentant les membres de la communauté Nande du monde entier, nous avons refusé ce mardi 18 juin 2024 de nous rendre au travail, quel qu’il soit, pour exprimer publiquement notre ras-le-bol contre la politique de l’omerta au niveau national et international sur le drame qui se joue depuis 10 ans à Beni et la menace de la chute programmée de Kanyabayonga.
Le silence du Président de la République et du Gouvernement de la RDC sur les massacres affreux de Beni et la chute programmée de Kanyabayonga est intolérable. Il en va de même pour l’indifférence du monde entier face à ce drame bien connu mais ignoré. Où est passée la conscience collective internationale ? Combien de Nande doivent encore mourir avant que le monde se réveille ?
Cette année marque les dix ans de l’indifférence mondiale face aux massacres de Beni par la Nébuleuse ADF, qui ont fait près de 20 000 victimes. Malheureusement, ils se poursuivent sans qu’on sache qui pourra les arrêter. Il suffit de constater que récemment, du 03 au 12/06/2024, à l’espace de 10 jours seulement de ce mois de juin, 200 civils Nande ont été exécutés seulement parce qu’ils sont « Nande » ; ceci est la preuve irréfutable du caractère épuratoire des massacres de Beni qu’il convient d’arrêter par tous les moyens légaux disponibles.
Les massacres de Beni ne sont pas une guerre contre la RDC avant tout, c’est plus un plan d’extermination du peuple Nande sous le visage « ADF » qui n’est autre que l’œil de l’Iceberg. En effet, 95 % des attaques ADF visent des civils Nande choisies uniquement pour leur appartenance à cette communauté, démontrant un dessein épuratoire de cette ethnie représentant 10% de la communauté nationale et 26% de députés nationaux.
Je dénonce également le rapport du Bureau conjoint de l’ONU pour les Droits de l’Homme, qui refuse de reconnaître le caractère ethnique et génocidaire de ces massacres.
Par ailleurs, ce qui se passe à Kanyabayonga n’est plus ni moins qu’une tentative du réseau Tutsi d’anéantir par la force l’espace de Beni Lubero, occupé par 95% des Nande.
J’atteste l’attention de la communauté nationale et internationale sur le fait que toute chute de Kanyabayonga signera la fin de l’équilibre et la cohabitation précaire des communautés du Nord Kivu et seul Paul Kagame doit être tenu pour unique responsable de cette situation en raison de son plan genocidaire contre les Nande et d’autres communautés nord kivutiennes.
Pour toutes ces raisons, j’appelle :
- Le Pouvoir central :
- À mettre fin à l’omerta sur les massacres des Nande à Beni et Ituri.
- À reconnaître publiquement que ces massacres visent à détruire une partie de la communauté nationale.
- À renforcer les Forces armées et les Wazalendo pour contrer les ADF et le M23/RDF.
- La communauté internationale :
- À prendre des mesures pour stopper le génocide Nande à Beni et en Ituri.
- À cesser la politique du double standard envers le Rwanda à la fois soutenu en qualité de victime d’un récent génocide tout en étant lui-même promoteur des crimes similaires autour de lui ;
- À mettre fin à l’omerta sur les massacres de Beni et la chute programmée de Kanyabayonga.
- La communauté Nande :
- À bâtir une unité au-dessus des divergences politiques.
- À renforcer la solidarité envers les victimes des massacres à Beni.
- À plaider pour une meilleure prise en charge de la question sécuritaire par le Gouvernement central.
Charles Mapinduzi