Le groupe minier chinois CMOC a accepté de verser 2 milliards de dollars à son partenaire national en République démocratique du Congo, la Gécamines, pour solder un différend sur les redevances liées à une coentreprise minière, selon un document boursier publié mardi. Après des mois de querelles juridiques, un accord avait été trouvé en avril dernier entre le groupe chinois CMOC, propriété à 80% de la mine de Tenke Fungurume (TFM, sud-est) et son partenaire congolais, la société minière publique Gécamines, mais les détails n’en avaient pas été révélés.
Gécamines accusant le groupe chinois de dissimuler des informations sur la taille de ses réserves, l’immense mine avait été frappée d’une interdiction d’exportation entre juillet 2022 et avril, conduisant à l’immobilisation de dizaines de milliers de tonnes de cuivre et de cobalt. Depuis la conclusion de l’accord, le groupe CMOC a commencé progressivement à écouler ces stocks faramineux, représentant pour la poudre de cobalt pas moins de 7% de la production annuelle mondiale de 2022.
Ce litige coïncidait avec la volonté affirmée de la RDC de renégocier plus largement des contrats qu’elle juge à son désavantage. Le président, Félix Tshisekedi, s’est ainsi rendu en Chine fin mai pour discuter, entre autres, des contrats miniers chinois. Les détails de l’accord concernant TFM n’ont été dévoilés que mardi, lorsque CMOC a déclaré dans un document boursier que la mine verserait à la Gécamines 800 millions de dollars en paiement compensatoire et au moins 1,2 milliard de dollars de dividendes sur plusieurs années.
À l’avenir, «la Gécamines aura droit à 20% de la valeur totale de la sous-traitance du projet et le droit d’acquérir un volume de production proportionnel à sa participation de 20% dans TFM aux conditions du marché et dans le respect des lois congolaises», a en outre précisé la CMOC. Plus gros producteur de minerais d’Afrique, la République démocratique du Congo fournit plus de 70% du cobalt mondial, un métal essentiel notamment pour la fabrication des batteries utilisées dans l’électronique et les voitures électriques. La mine de Tenke Fungurume est la deuxième mine de cobalt au monde. Elle produisait environ 20.000 tonnes de cuivre et 1500 tonnes de cobalt par mois jusqu’en 2022, selon les chiffres de l’entreprise.