Les terroristes ADF n’ont toujours pas arrêté de faire des victimes dans l’est du pays. Après l’attaque qui a fait 27 civils tués à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni, dans la nuit du lundi au mardi dernier, ces assaillants ont encore visé la cité frontalière de Kasindi-Lubiriha, dans le même territoire, la nuit du vendredi à ce samedi 28 octobre.
Au cours de cette nouvelle attaque, 2 civils, tous des chauffeurs dont un sujet somalien et un Congolais ont été tués. La coalition FARDC-UPDF est intervenue pour stopper les dégâts. Mais, ici, 2 militaires ougandais ont aussi péri alors qu’un ADF a également été neutralisé.
L’attaque a visé un parking de gros véhicules, rapportent des informations sur place.
Il faut dire que 9 ans se sont écoulés depuis que les massacres des civils par les ADF en région de Beni (Nord-Kivu) ont débuté. Et, jusqu’ici les chiffres sont alarmants et effroyables. Selon Teddy Kataliko, notable de la contrée, plus de 14 mille Congolais ont déjà perdu la vie au cours de plusieurs attaques et incursions dans des villages et agglomérations depuis 2014.
Ce nombre est avancé par cet acteur de la société civile à l’issue d’un monitoring réalisé sur le dossier. Teddy Kataliko rapporte également que plus de 435000 déplacés internes sont à déplorer. Il note aussi plus de 71.675 maisons incendiées et plus de 1.136 véhicules brûlés au côté des villages abandonnés depuis.
« L’objectif de l’ennemi est de mettre en place un système de terreur, d’épuration systématique des populations civiles, provoquer le déplacement forcé des populations en vue d’occuper progressivement leurs terres et exploiter les ressources naturelles, le bois, le cacao, l’or« , a-t-il dit.
Pour rappel, les massacres ADF commencent le 2 octobre comme 2014 avec un premier massacre des civils à Beni. Ce jour-là, Mukoko et Kokola, deux villages situés à plus de 20km au nord de la ville de Beni, vivent une tragédie qui sera, malheureusement, le début d’une longue série de tueries dans toute la région de Beni jusqu’à ce jour.
Dans la nuit de ce jour-là, un groupe de gens non autrement identifiés font irruption dans les 2 villages, tuant à leur passage hommes, femmes, enfants et vieillards.
Les victimes avaient été décapitées devant les membres de leurs familles, des civils tués à l’aide d’armes blanches.
Le gouvernement central et son appareil militaire avaient alors conclu que les rebelles ougandais de l’ADF-Nalu étaient responsables de ces tueries, thèse avancée jusqu’à ce jour. Un mois après, on assista à un 2è massacre de 120 personnes à Tepiomba, Masulukwede et Vemba.
Depuis 2008, c’est le bilan humain le plus lourd causé par une attaque militaire en RDC en une seule journée.
Depuis lors, le rythme et l’intensité des massacres ont varié.
L’on avait alors assisté à des massacres similaires dans les agglomérations de Linzo Sisene, Apetinasana, Mayimoya, Kisiki, Eringeti, Kainama, Malehe, Oicha, Ngite, Kadou, Ngadi, Munzambay, Kibidiwe, Matembo, Mavivi, Matiba, et la périphérie de Beni dont les dernières attaques datent d’environ une semaine.
Aujourd’hui, plusieurs observateurs affirment que les violences perpétrées autour de Beni depuis ce 2 octobre 2014 restent les plus meurtrières, mais aussi les plus opaques de l’histoire récente du pays.
Charles Mapinduzi
