Deux officiers généraux congolais, et non des moindres, sont sur le ring. L’un est lieutenant-général et chef d’état-major général de l’armée; l’autre est resté jusqu’à 2021, le seul officier le plus gradé des FARDC avec 4 étoiles sur ses épaules : général d’armée.
Christian Tshiwewe et John Numbi sont maintenant sur le ring, prêt à se battre. Pour ce qui est du grade au sein de l’armée, le premier doit tous les égards au second et, pour ce qui est de la fonction, le second est sous la tutelle du premier.
D’un autre côté, John Numbi est un anti-Tshisekedi patenté alors que Christian Tshiwewe a évolué en grades et en fonctions grace à l’actuel chef de l’Etat. Si le premier veut donc s’offrir la tête du chef de l’Etat, le second semble prêt à tout sacrifier pour protéger le commandant suprême. Et, à ce stade, les 2 hauts officiers de l’armée congolaise sont diamétralement opposés.
Tout part de la dernière sortie médiatique de l’ancien inspecteur des FARDC aujourd’hui en exil dans un pays africain (le Zimbabwe, selon de nombreuses sources). Soupçonné proche de Kabila, John Numbi qui est cité dans dans l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana a fait des déclarations embarrassantes pour le pouvoir de Kinshasa.
A l’instar de Corneille Nanga, également opposant en exil et ex-président de la CENI, le général d’armée a affirmé l’existence d’un accord qui avait permis à Félix Tshisekedi d’accéder à la magistrature suprême sans l’avoir mérité. Il explique le rôle qu’il a personnellement joué pour que ses pairs généraux acceptent ce compromis qui avait permis la passation du pouvoir entre Joseph Kabila et son successeur.
D’un ton menaçant et sans se montrer nullement tendre envers le régime, Numbi a affirmé que si le président congolais s’entêtait à conduire le pays aux élections dans leur format actuel ou s’il s’obstinait à maintenir la dictature contre les voix discordantes, ceux qui lui avaient donné le pouvoir, le lui reprendront sans hésiter.
Ces déclarations ont vite créé un tollé au sein de la Cour présidentielle. Tina Salama a parlé d’un faux général, Peter Kazadi l’a qualifié de fugitif et de peureux alors qu’Augustin Kabuya, Patrick Muyaya ou encore d’autres Tshisekedistes n’ont pas laissé passer sous silence la provocation du général en exil.
Puis, ce lundi 16 octobre, devant les militaires congolais au camp Kokolo à Kinshasa, Christian Tshiwewe est revenu à la charge. Le chef d’état-major général des FARDC s’est aussi montré impitoyable vis-à-vis de son compagnon d’armes.
Le successeur à la tête des FARDC du général Mbala Munsense a rappelé qu’avant d’aller en exil, John Numbi n’était pas prolifique pour le pays. Il lui demande de rentrer pour se battre au côté d’autres soldats, tout en lui rappelant que seul Félix Tshisekedi est le commandant en chef de l’armée congolaise.
« Il ne faut pas citer les généraux dans vos bêtises, si tu as besoin de faire la guerre, tu peux venir nous trouver ici sur terrain. Il ne faut pas venir nous terroriser ou nous intimider, vous étiez avec nous ici qu’est-ce que vous avait fait ? Nous n’avons qu’un seul commandant suprême qui est Felix Antoine Tshisekedi », a-t-il lancé.
Les 2 officiers généraux risquent-ils d’en venir aux mains dans un ring autour de Félix Tshisekedi ? C’est l’image que cela présage, l’un étant prêt à prendre la balle pour le président alors que l’autre veut s’offrir sa tête.
Charles Mapinduzi