La bataille électorale sera rude. L’atmosphère préélectorale qui s’est installée présage que des acteurs engagés dans la course à la présidentielle pourraient en venir même aux mains.
Et, c’est Félix Tshisekedi qui a lancé le jeu le samedi dernier alors qu’il déposait son dossier de candidature à la CENI. Des intimidations, des menaces et des mises en garde alors que la présidentielle est prévue dans 3 mois.
« J’aimerai mettre en garde notre population face aux candidats de l’étranger. J’ai parlé de notre ambition de devenir indépendant sur le plan économique. Cette vérité ne plait pas aux étrangers et ces derniers vont fabriquer les candidats qui viendront vous parler de plusieurs choses. Cependant, ne craignez rien car vous êtes les plus forts et vous devez rester vigilants face aux discours des uns et des autres. Vous les reconnaîtrez par leur langage. On a entendu des gens parler de notion de genre. Au Congo, nous n’avons pas de problème d’orientation sexuelle », a-t-il lancé.
Même s’il n’a nommément cité personne, des observateurs n’ont pas hésité de considérer qu’il s’agit d’une attaque contre 2 candidats grosses pointures au sein de l’opposition dont les carnets d’adresses avec l’Europe sont riches.
D’une part et surtout Denis Mukwege. Dans les réseaux sociaux, le Prix Nobel a toujours été accusé d’être très proche de l’Occident. Ses adversaires vont jusqu’à estimer que celui-ci est le fruit du labo des Occidentaux.
Puis, il y a Moise Katumbi. Bien qu’ayant sa résidence au Congo et se revendiquant Congolais, l’ancien gouverneur a souvent été trahi par sa peau. Depuis Kabila, des peaux des bananes sont jetées sur le chemin de cet opposant pour tenter de l’écarter de la présidentielle.
Avec ses origines grecques par son père, Moïse Katumbi a toujours été soupçonné d’avoir acquis la nationalité italienne. Or, comme le projet de loi Tshiani le recommande, les postes de souveraineté devraient être réservés aux seuls candidats dont les pères, les mères et les épouses ont des origines purement congolaises.
Que Félix Tshisekedi parle des candidats de l’étranger, des analystes soupçonnent Moïse Katumbi et Denis Mukwege d’être expressément visés par cette attaque.
Mais, les 2 tenors de l’opposition sont-ils des marionnettes de l’Occident, des pions des impérialistes ? Denis Mukwege a répondu coup sur coup à Tshisekedi. Le gynécologue rappelle le long séjour du fils du sphinx en Europe au cours duquel il a été bercé.
« C’est malheureux, des gens qui vivent en Europe, qui vivent avec les subventions de l’assistance sociale et qui n’ont pas d’adresse au Congo, ils ont peut-être l’adresse de leurs pères mais on ne connaît pas leurs adresses physiques au Congo, puissent me traiter moi, qui vis au Congo d’être le Candidat des blancs », a rétorqué le docteur de l’hôpital de Panzi en recadrage à Tshisekedi.
Dans le camp de Moïse Katumbi, on brandit les œuvres faites en RDC en faveur des Congolais puis on demande à Tshisekedi de montrer les siennes. On rappelle au chef de l’Etat le fait d’avoir vécu en Europe entre 1985 et 2015 alors que des Congolais faisaient face à de dures épreuves pour la restauration de la démocratie et le retour de la paix. Pour eux, Tshisekedi est plus Européen et plus Occidental que tous les autres candidats dans la course.
Charles Mapinduzi