Félix Tshisekedi a perdu le contrôle sur sa propre troupe qui, désormais, lui cause de vrais ennuis. Non seulement des sociétaires de l’Union sacrée bloquent la sortie du nouveau gouvernement, mais aussi, au présidium de la même coalition, on se partage des responsabilités entre familiers comme si la République était quasiment devenue un bien privé.
Dans ce contexte particulier, des dissidents qui refusent d’obéir aux mots d’ordre de leur propre famille politique sont sortis de leur réserve et se sont lancés dans l’aventure pour ce qui est du perchoir de la Chambre basse du Parlement congolais.
Jusqu’ici, le ticket de l’Union sacrée propose Vital Kamerhe à la présidence de l’Assemblée nationale, Jean-Claude Tshilumbayi de l’UDPS comme 1e vice-président, Christophe Mboso en tant que 2e vice-président, Jacques Ndjoli comme rapporteur, Serge Bahati (fils de Bahati Lukwebo) comme questeur et finalement Caroline Bemba (sœur de Jean-Pierre Bemba) en tant que questeur adjoint.
Mais, ce népotisme a vite été dénoncé, Félix Tshisekedi a même été appelé à trancher pour stopper les ardeurs du présidium de l’Union sacrée. Mais, le chef de l’Etat n’y peut rien. Il ne sait plus imposer son ordre sur les animateurs de la coalition.
Et, la dissidence a engendré de nouvelles candidatures qui ont été enregistrées contre la volonté du ticket officiel. Ainsi, Dede Mopasa s’est porté comme candidat questeur, Trésor Lutala comme questeur adjoint. John Banza vise également la questure, Mbusa Nyamwisi, la 2e vice-présidence; Patrick Eshiba, Roger Bimwala, Chimène Polipoli et Grâce Neema envient d’être questeurs adjoints. Rombo Kalombo est également candidat questeur. Alphonse Ngoyi Kasanji se présente à la 1ère vice-présidence, etc.
Mais, la candidature la plus en vue est celle d’Antipas Mbusa Nyamwisi. L’ex-chef rebelle, patron du RCD/KML, s’est porté candidat à la 2e vice-présidence.
Nouvellement élu député national en ville de Butembo, au Nord-Kivu, le ministre sortant de l’Intégration régionale veut arracher à Christophe Mboso la seule chose de plus précieux qui lui reste.
En effet, le président sortant de la Chambre basse a du mal à partir. Malgré la fin de son mandat, Mboso a tenu à s’accrocher. Dans un premier temps, il s’est porté candidat à sa propre succession. Face à Vital Kamerhe et Bahati Lukwebo, il a été impliqué dans une élection primaire qu’il n’a pas remportée, malheureusement.
Ne sachant plus à quel saint se vouer, le successeur de Jeanine Mabunda a ajourné l’élection du bureau définitif de l’Assemblée en refusant de publier le calendrier électoral. Mais, la pression populaire a finalement eu raison de lui.
Mais, cela n’a pas suffi. Profitant de sa place au sein du présidium de l’Union sacrée, l’octogénaire s’est soi-même désigné candidat 2e vice-président de la Chambre, espérant demeurer dans les arcanes du pouvoir en dépit de son âge.
Malheureusement, le ticket Union n’ayant pas fait l’unanimité, Mbusa Nyamwisi porté par le regroupement AAAP de Tony Kanku et Laurent Batumona, s’est également déclaré candidat au même poste.
Pour Christophe Mboso, il s’agit là, ni plus ni moins, d’une vraie rébellion, une épine sous ses pieds qui risque de lui faire échapper ce poste dont il rêvait après avoir raté la présidence du bureau.
Loin de voir cela comme un jeu démocratique où chacun peut tenter ses chances, Mboso Nkodia voit en face de lui le rebelle Antipas Mbusa Nyamwisi, celui-là qui a pris les armes contre la République entre 1998 et 2002 et qui tente de l’attaquer frontalement.
Le seul espoir pour lui, c’est peut-être le soutien dont il bénéficie de l’UDPS et de la famille Tshisekedi, sans compter des moyens collossaux qu’il a amassés et qu’il pourrait injecter pour acheter le vote des députés nationaux.
Charles Mapinduzi
