La coalition armée pilotée par Corneille Nanga tente-t-elle d’accrocher la sympathie du cardinal de Kinshasa ? C’est en tout le moins qu’on puisse dire. Car, dans une très longue lettre ouverte à Fridolin Ambongo, la rébellion critique vertement le régime de Kinshasa qu’il décrit comme une dictature qui s’en fiche royalement de toutes les règles établies.
Dans le document, Corneille Nanga rebondit sur le récent discours pascal de l’archevêque de Kinshasa, lui qui a sous-entendu que nombreux de ceux qui ont rejoint le M23 l’ont peut-être fait à cause de l’attitude indifférente des autorités congolaises vis-à-vis des problèmes existentiels du pays.
« L’action révolutionnaire initiée par nos soins contre l’anticonstitutionnalisme établi par le régime de monsieur Tshilombo vous a sans doute heurté dans sa forme coercitive. Sur pied de l’article 64, mes camarades de l’AFC et moi-même avons été contraints d’affronter les cruautés de mauvaise gouvernance affligées au peuple congolais afin de faire cesser le banditisme politique, le gangstérisme d’Etat, les crimes et assassinats politiques ainsi que les injustices généralisées en RDC. Si dans sa forme, cette démarche vous a peut-être achopé, nous sollicitons respectueusement votre indulgence », écrit-il.
Puis, à travers un vocabulaire satirique, Corneille Nangaa décrit un pays à l’état comateux, s’il faut reprendre les mots de l’archevêque de Kinshasa.
« Le pays va mal. Les actes de corruption, de mégestion, de détournement, de pillage et toutes les incartades exhibées dans la gestion de la chose publique commotionnent tout citoyen ordinaire », dit-il, rappelant que le projet 100 jours n’est toujours jamais réalisé en dépit de moyens débloqués.
Il mentionne la taxe RAM qu’il appelle une escroquerie familiale; les détournements des fonds alloués pour les jeux de la Francophonie, pour la pandémie du Covid-19, pour le projet tshilejelu, etc.
« Sous Tshilombo, la RDC est devenue un étang d’insulteurs barbares où règne la loi de la jungle. Nous avons particulièrement réprouvé l’attaque de votre résidence sacrée du centre Lindonge de Kinshasa le 2 août 2021 par les militants drogués de l’UDPS sur ordre de monsieur Tshilombo. La même bande d’inciviques dits « Force du progrès », vous a continuellement chargé de salissures païennes très outrageantes », écrit le chef rebelle.
Toujours dans un discours satirique anti-Kinshasa, Nangaa accuse Félix Tshisekedi d’avoir développé une rhétorique mensongère pour justifier ses incapacités à gérer l’Etat congolais. L’objectif du président congolais, dit-il, est de s’attirer la sympathie populaire mais par la démagogie.
« Nous répondons qu’il s’agit là du bégaiement irresponsable d’un dirigeant qui a tout échoué », dit-il, tout en refusant d’être appelé « traitre de la République »
Il faut noter qu’à la suite de l’homélie pascale que le cardinal Fridolin Ambongo a tenue, le régime de Kinshasa a exigé qu’il éclaire sa position qui semble encourager des Congolais à prendre les armes contre la République.
Charles Mapinduzi
