La nouvelle Première ministre congolaise a réussi à survivre au baptême de feu à l’Assemblée nationale à l’issue de la présentation de son programme quinquennal le mardi 11 juin dernier devant les élus.
Jusqu’à ce vendredi 14 juin, des ministres membres de son gouvernement qui ont été investis sont dans l’euphorie généralisée, les uns encensant Félix Tshisekedi pour la confiance renouvelée, d’autres se contentant du fait d’avoir été nommés.
A tord ou à raison, du champagne et du chivas ont coulé à flot dans les quartiers généraux de nouveaux responsables gouvernementaux. Mais, de quoi se contente-t-on?
Dans un pays à problèmes comme le Congo, la nomination à un poste de responsabilité devrait plus passer pour une mission à accomplir, plutôt qu’un simple honneur offert comme sur un plat. A moins qu’on ait à l’idée l’intention de se gaver comme ses prédécesseurs et de se remplir les poches au détriment de la majorité des Congolais. Dans le premier cas, la tâche est énorme et les défis à relever sont incommensurables.
En effet, au pays, les attentes sont très grandes. Peut-être est-ce même pour cela que des Congolais se sont plaints du retard observé dans la mise en place de cette équipe gouvernementale.
Car, ils espèrent des changements radicaux après un premier quinquennat raté de Félix Tshisekedi. Tout est urgent en RDC. Sur le plan sécuritaire, la situation échappe totalement au contrôle des autorités. Il y a peu, dans le Nord-Kivu, près de 200 civils ont été égorgés par les terroristes ADF en moins d’une semaine. A ce stade, les populations attendent des réponses concrètes de la part de la nouvelle équipe gouvernementale.
Aussi, toujours en sécurité, le M23 avance sur le terrain; les CODECO tuent à volonté dans l’Ituri; le Mai-ndombe demeure toujours secoué par des conflits intercommunautaires.
Sur le plan économique, le franc congolais reste malmené par le dollar américain et les prix des produits grimpent à flèche. Côté transport, la compagnie nationale a quasiment disparu faute d’avions; les routes sont impraticables pour le transport terrestre et les bateaux n’arrêtent de chavirer suite à leur vétusté, etc.
Par ailleurs, la corruption, les détournements, l’impunité, l’injustice, le tribalisme, le pillage et le bradage des ressources naturelles du pays ainsi que beaucoup de maux continuent de ronger le pays.
De nombreux dossiers sont ainsi brûlants et attendent que Judith Suminwa et ses hommes y trouvent des solutions. La nouvelle cheffe du gouvernement a beau égrainer les points phares de son programme mais est-il qu’elle doit maintenant passer de la parole à l’acte d’autant que tous les regards sont maintenant rivés sur elle. Car, d’ici 100 jours, les Congolais seront en même de l’évaluer à mi-parcours.
Le mardi 11 juin, la député Jeannette Mapera, élu de Lubero, au Nord-Kivu, prévenait Judith Suminwa que son parti, l’UDPS, de devrait pas lui mettre les bâtons dans les roues dans la réalisation de ses actions, d’autant que les problèmes du pays pèsent sur sa tête.
Au regard des faits, Judith Suminwa et ses ministres doivent quitter le stade de la célébration et s’atteler véritablement à ce qui les attend : gouverner autrement le pays pour sauver Félix Tshisekedi de la grande noyade dans laquelle il a précipité le pays depuis son avènement en 2019.
Charles Mapinduzi