« Même si aujourd’hui ils conquièrent l’Est, nos enfants, petits-enfants ou nos arrière-petits-enfants viendront réclamer cette partie-là »
La vérité d’un texte se cache dans le détail lexicologique et dans la vibration sémantique que déploient certains termes employés, en l’occurrence :
Lelo BAZWI vs lobi ba ko réclamer.
En termes clairs, nous (la génération actuelle) vivons donc le présent des Vaincus car une partie de notre terre a été prise ( bazwi) face à l’avenir où nous succéderont nos enfants ou petits-enfants non point pour reprendre carrément la terre mais, en restant fidèle au narratif de la première dame, pour se mettre dans la démarche de la réclamer.
La logique globale du speech de madame Nyakeru, la première dame de la RDC, est, on ne peut plus, claire. La formule « soki bazwi Est du Congo » et le recours à nos enfants ou petits-enfants pour espérer réclamer la reconquête de l’intégralité territoriale est un double aveu très significatif de la perte actuelle de la partie orientale du pays et de l’impuissance du gouvernement actuel pour la récupérer.
Plus que maman Mobutu ou Olive, l’actuelle première dame semble être dans le secret du pouvoir et ses déclarations peuvent être le relai de ce que pensent son mari de président et tout le régime qu’il représente. Elle semble connaître des secrets qu’ignore encore le peuple congolais. De quoi veut-elle nous aviser ? Que la prise de Sake, de Goma ou de Bukavu est déjà programmée et qu’on est en train de perdre tout l’Est du pays? Difficile à confirmer ou à infirmer à l’étape actuelle mais l’évolution de la situation sécuritaire nous en dira plus les prochains jours.
À tout bien considérer, la sortie médiatique de madame Nyakeru semble s’inscrire dans la démarche voilée d’une préparation psychologique du peuple congolais pour accepter l’inacceptable. Soit dit en passant, lequel peuple qui de surcroît semble n’avoir personne ni aucune institution pour le défendre. Les parlementaires s’adonnant à coeur joie au partage de 400 millions de frais d’installation avant qu’ils ne passent au combat de majoration de leurs salaires mensuels à 33.000 $. L’armée à son tour étant infestée de plus d’une dizaine de milliers d’officiers infiltrés et depuis quelques mois, renforcée des 1000 mercenaires ressortissants d’un pays de l’OTAN qui proclame partout son étrange théorie d’un Congo trop vaste avec une élite faible et qui a besoin de partager la gestion de ses richesses avec un Rwanda géographiquement petit mais avec un leadership exemplaire.
Par ailleurs, en affirmant publiquement : « Même si on voit le semblant de victoire de l’ennemi », Madame Denise affirme quelque chose qui ne saute pas encore aux yeux du petit peuple. Mais de quelle victoire ennemie parle-t-elle puisque depuis trois mois le pouvoir de son mari nous rassure que les FARDC montent de puissance en puissance?
De quelle victoire, bon sang?? Elle en parle comme si les carottes étaient déjà cuites et que la guerre était déjà perdue par le peuple congolais.
Face à cette victoire du camp ennemi déjà actée par une de voix autorisées insinuant que la partie Est sous contrôle ennemi, madame Denise conseille vivement les congolais de se serrer les coudes, de prier Dieu avec insistance et de prendre la posture spirituelle et mentale conseillée dans un passage biblique qu’elle cite elle-même : Jérémie 29, 7 : « Recherchez le bien de la ville où je vous ai menés en captivité, et priez l’Éternel en sa faveur, parce que votre bonheur dépend du sien. », exactement ce conseil prodigué par le prophète Jérémie au peuple juif après sa défaite face à l’armée de Nabuchodonosor en 597 a.c. et à sa déportation en Babylonie. Ce conseil résonne comme destiné aux captifs, aux vaincus ( juifs d’hier et congolais d’aujourd’hui) pour pouvoir s’adapter au nouvel environnement d’assujettissement d’une puissance dominante.
La communication de Denise Nyakeru est très codée. Elle parle avec une assurance légendaire qui fait dire que toutes les conditions sont désormais réunies pour le coup fatal. Reste juste à faire adhérer les esprits et les cœurs des congolais à cette nouvelle donne géopolitique de la sous-région interlacustre. L’Est est déjà perdu et quand elle fait référence à nos enfants et petits-enfants pour les sauver, l’on doit s’interroger sérieusement. Car les congolais avertis savent que sur les 1000 jeunes congolais bénéficiaires de bourse d’étude en Amérique du Nord et dans les pays Schengen, 3/4 parmi eux sont paradoxalement d’origine rwandaise mais munis des passeports congolais. Bien entendu, nous avons là des futurs chevaux de Troie et leur probable capacité de venir réclamer ( ou reconquérir c’est selon) les terres congolaises occupées par l’ennemi semble sujette à caution. Comprenne qui pourra!
Gédéon ATIBU