La guerre entre Félix Tshisekedi et l’ex-président de la CENI risque d’être longue. Après sa sortie médiatique aussi bien sur Jeune Afrique que sur RFI, Corneille Nanga a vite été ciblé par des pro-régimes, y compris par Patrick Muyaya (porte-parole du gouvernement) ou encore Jonny Luboya (gouverneur militaire de l’Ituri).
Face à ces attaques, le porte-parole de Corneille Nanga a rétorqué par des mots bien choisis. Dans une communication, maître Hervé Kiangoy a réitéré la volonté de l’ancien président de la CENI à arrêter les dérives totalitaires au sommet de l’Etat.
« Dénonçons cette campagne de salissure ourdie par les officines politiques du pouvoir à travers les réseaux sociaux. Le président Corneille Nanga est un patriote qui ne peut trahir la nation. Les chimères autour de sa localisation physique à l’étranger n’ont pour objet que de nuire à sa personne. Le président Nanga poursuit sa tournée internationale pour continuer à stopper les dérives dictatoriales en RDC. Les mensonges, insultes, mufleries et autres vulgarités ne l’arrêteront pas », écrit-il.
Dans les réseaux sociaux, de folles rumeurs ont circulé, indiquant que l’attitude actuelle de Corneille Nanga face au régime était notamment liée au fait que le pouvoir de Kinshasa a réussi à ravir à l’ex-président de la CENI une mine d’or implantée dans l’ancienne province orientale mais sans préciser laquelle.
Toutefois, un haut responsable du régime Kabila indique sous anonymat que les faits et gestes de Corneille Nanga sont ceux d’un frustré. Après avoir permis à Félix Tshisekedi d’accéder au pouvoir par des voies non catholiques, l’ancien président de la commission électorale avait reçu des promesses que le régime n’a pas su tenir.
Cette confidence qui s’est livrée à Partisan-rdc.net précise que le successeur de Ngoy Mulunda s’attendait à des avantages dignes d’un ministre du gouvernement afin qu’il garde au plus grand secret tout ce qu’il savait sur les élections de décembre 2018. Cependant, au lendemain de la fin de la coalition FCC-CACH, Kinshasa a enterré le compromis. Ce que Corneille Nanga n’a pas réussi à digérer, lui qui connait le rôle qu’il a joué lors de la passation du pouvoir en 2019.
D’ailleurs, lors de sa récente réaction sur RFI, l’opposant a lui-même affirmé que les autorités congolaises le voyaient comme une menace parce qu’estimant que celui-ci en savait un peu plus sur les contours de la passation du pouvoir de 2019.
Pour l’instant, entre les 2 camps, c’est la guerre au vrai sens du terme. Corneille Nanga qui dit craindre pour sa vie rappelle « les circonstances qui ont entouré la mort des généraux Delphin Kahimbi puis Munkutu Kiyana et finalement Chérubin Okende »
« Depuis quatre mois, je suis dans une tournée internationale de capacitation en leadership et partenariats dans le cadre de mon parti politique. Très curieusement, derrière moi, les échos qui me parviennent ne rassurent pas. Le régime qui s’est considérablement cabré et éloigné des attentes du peuple, voudrait mordicus s’imposer dans une aventure de second mandat très discutable. Pas plus tard que mardi dernier, des caciques du pouvoir ont commencé à évoquer la possibilité de me traduire en justice pour mes positions en rapport avec la détérioration de la situation sécuritaire du pays », a-t-il dit.
L’ancien président de la CENI est aujourd’hui en exil et a annoncé qu’il mène un combat pour arrêter Félix Tshisekedi de demeurer au sommet de l’État congolais.
Gabriel Musafiri